Le 6 mai 2025 à Yaoundé, l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et l’African Guarantee Fund (AGF) ont scellé un partenariat historique pour stimuler l’innovation dans 17 pays africains. Une enveloppe de 40 milliards FCFA sera mobilisée pour accompagner 1000 projets sur cinq ans, marquant une nouvelle ère pour les inventeurs et PME innovantes du continent.
La convention signée entre l’OAPI et l’AGF vise à répondre aux difficultés d’accès au financement rencontrées par les porteurs d’innovations technologiques ou scientifiques en Afrique. En s’appuyant sur un mécanisme de garantie, ce partenariat va permettre à de nombreuses PME innovantes de bénéficier de crédits bancaires auxquels elles n’auraient pas eu accès autrement.
« Ce mécanisme va s’appuyer sur le partenariat avec l’AGF, dont le mandat est de faciliter l’accès au financement des PME », a précisé Denis Bohoussou, directeur général de l’OAPI. L’objectif affiché est ambitieux : soutenir 1 000 projets innovants dans les 17 États membres de l’organisation d’ici cinq ans.
Outre l’accès facilité aux financements, les entreprises innovantes bénéficieront d’un encadrement complet tout au long du cycle de vie de leurs projets : de la phase de maturation à l’expansion commerciale. Cet accompagnement comprend également une assistance technique pour la valorisation des brevets, le développement industriel des produits innovants, et un suivi personnalisé des initiatives financées.
L’OAPI entend ainsi aller au-delà d’une simple logique de financement. « Il ne s’agit pas seulement d’argent. Il s’agit de construire un véritable écosystème de l’innovation », a insisté Denis Bohoussou, évoquant les limites du précédent Fonds africain de l’innovation, aujourd’hui dépassé.
La convention prévoit également que l’OAPI prenne une participation de 5 milliards FCFA dans le capital de l’AGF. Pour Jules Ngankam, directeur général de l’AGF, cette décision revêt une importance symbolique forte. « Jusqu’ici, notre seul actionnaire africain était la Banque africaine de développement. Avec l’entrée de l’OAPI, c’est un second acteur africain qui rejoint notre capital, ce qui est historique », a-t-il souligné.
Ce renforcement du capital africain dans l’AGF pourrait aussi inspirer d’autres institutions continentales à s’impliquer davantage dans les dispositifs de financement de l’innovation.
Les premiers appels à projets seront lancés dès le troisième trimestre 2025. L’objectif est d’accompagner dès la première année au moins 200 projets innovants à fort potentiel. Ce dispositif marque un tournant majeur pour les écosystèmes d’innovation dans les pays africains membres de l’OAPI, notamment le Cameroun.
Avec ce partenariat, l’Afrique francophone se dote d’un outil stratégique pour transformer ses idées en produits, brevets et entreprises compétitives sur les marchés locaux et internationaux.