Politique nutritionnelle – Les parlementaires de l’Afrique Centrale formés au droit à l’alimentation

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Facilité par la FAO, l’atelier de formation tenu le 28 avril 2025 à Brazzaville, a permis de renforcer les capacités des parlementaires et autres acteurs multisectoriels à mieux cerner et élaborer les réponses qu’il faut apporter dans la formulation des politiques sensibles à la nutrition tant au niveau national, que sous-régional.

Soutenu par le gouvernement allemand et la coopération espagnole, avec la participation des représentants des organisations internationales, des universitaires et des acteurs de la société civile. Cette formation intervient dans un contexte où la faim s’aggrave en Afrique Centrale et de l’Ouest. Selon un rapport-analyse daté du 12 avril 2024, et publié par le Programme Alimentaire Mondial, « 16,7 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë et plus de deux ménages sur trois n’ont pas les moyens de s’offrir une alimentation saine.  En outre, 8 enfants sur 10 âgés de 6 à 23 mois ne consomment pas le nombre minimum d’aliments requis pour une croissance et un développement optimum ». D’après la Fao, près de 40% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique en Afrique Centrale, et 60% de la population de cette sous-région vit sous le seuil de pauvreté.

Des recommandations fortes pour assurer le droit à l’alimentation

Face à un tel constat, les parties prenantes aux travaux de Brazzaville ont formulé diverses recommandations. Parmi celles-ci, il est question de reconnaître dans les cadres juridiques nationaux, le droit à l’alimentation comme un droit humain inaliénable. D’intégrer l’agriculture sensible à la nutrition comme un levier puissant pour améliorer les conditions de vie. De valoriser les cultures locales riches en nutriments, d’allouer à minima 10% des budgets des Etats pour la promotion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. De renforcer les capacités des parlementaires pour promouvoir et adopter des lois inclusives visant à garantir le droit à l’alimentation.

 Par ailleurs, il s’agit de développer un dialogue régulier entre l’ensemble des acteurs et parties prenantes. De mobiliser les ressources financières nécessaires pour appuyer les initiatives agricoles et nutritionnelles, en mettant un accent particulier sur les femmes et les jeunes.

Enfin, de créer des mécanismes de veille parlementaire pour surveiller la mise en œuvre des politiques agricoles et nutritionnelles.

Miser sur la réforme institutionnelle

Alors que nourrir les populations implique d’agir sur l’ensemble des étapes, de la production à la consommation, en intégrant les relations humaines, institutionnelles et environnementales, et en veillant à leurs effets sur la santé et la nutrition. L’application des recommandations formulées nécessite des transformations structurelles. En effet, il est indispensable de transformer et d’améliorer les institutions, les infrastructures, les règlements et les marchés qui structurent les systèmes alimentaires. Les ressources investies doivent également être optimisées pour rendre ces systèmes plus équitables et durables. D’ailleurs, Dr Athman Mravili, Coordonnateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique centrale précise que , «La complexité des défis appelle une réponse coordonnée, multisectorielle, inclusive. » D’où l’intérêt  « de renforcer les capacités, de mobiliser les acteurs, de créer des synergies, de créer une plateforme d’échange entre les parlementaires, les techniciens, les chercheurs, la société civile et les partenaires, pour bâtir des politiques agricoles et nutritionnelles plus cohérentes, plus efficaces, et surtout plus justes », assure le responsable onusien.

Acter le changement par les jeunes

Clôturant les travaux au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale de la République du Congo, le Vénérable Pierre Ngolo, Président du Sénat et Président d’honneur de l’Alliance parlementaire congolaise pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, a insisté sur le rôle que devrait jouer la jeunesse dans la mise en œuvre des politiques nutritionnelles. Interpellé, « Les jeunes doivent être placés au cœur de nos politiques publiques, non comme des bénéficiaires passifs, mais comme des acteurs incontournables du changement, qu’il faut accompagner, responsabiliser et encourager à innover », a affirmé Pierre Ngolo.

Pour rappel, cette formation constitue une étape clé dans la consolidation des alliances parlementaires et l’intensification des efforts en faveur de systèmes alimentaires durables et équitables en Afrique centrale. Elle s’inscrit à l’aune des préparatifs du Troisième Sommet parlementaire mondial contre la faim et la malnutrition prévu en 2026.

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