Monsieur Ndoumi, quelle est votre vision de l’inclusion financière au Cameroun et comment définissez-vous l’inclusion financière dans le contexte africain ?
L’inclusion financière est une urgence nationale. Il ne s’agit pas seulement de bancariser les populations, mais de leur permettre un accès réel, sécurisé et abordable aux services financiers essentiels — crédit, assurance, paiement, épargne — à toutes les couches de cette population, en particulier les plus vulnérables. Aujourd’hui, plus de 60 % des Camerounais restent exclus du système bancaire classique, surtout les jeunes, les femmes, les populations rurales et les TPE/PME. Il s’agit donc de garantir l’accès effectif, abordable et sécurisé à ces services financiers. En Afrique, cette inclusion passe nécessairement par la technologie, d’où l’importance stratégique des fintechs. Chez Yunus, nous avons décidé de renverser cette dynamique en mettant la technologie au service du social. Notre objectif est clair : rendre la finance accessible à tous, partout.
Comment Yunus SA agit concrètement pour cette inclusion au Cameroun ?
Nous avons conçu une plateforme intégrée — Campost-YunusPay™ — en partenariat avec CAMPOST, qui joue un rôle central dans notre stratégie. Elle permet à tout Camerounais, même sans compte bancaire, d’accéder à une gamme complète de services :
- Microcrédit,
- Micro-assurance (santé, accident, décès),
- Paiement échelonné de biens et services,
- Paiement mobile via QR code ou NFC,
- Transferts et épargne numérique.
Nous avons déployé des terminaux PoS intelligents dans les agences CAMPOST et dans les zones reculées, avec une interface simple et adaptée. Nous ne vendons pas des produits, nous offrons des solutions sociales.
En quoi Yunus SA se distingue-t-elle dans le paysage fintech africain ?
Yunus SA n’est pas une fintech traditionnelle. Nous sommes une plateforme d’architecture financière globale, active dans le financement structuré, la digitalisation postale, l’ingénierie de projets PPP, mais aussi dans l’InsurTech, l’AgriTech, l’e-commerce, et désormais la blockchain avec Yunus Coin.
Ce qui nous distingue, c’est notre capacité à connecter les marchés de capitaux internationaux avec les besoins locaux via des modèles hybrides. Nous sommes à la fois concepteur, opérateur et exécuteur de solutions d’inclusion financière structurée.
Quel est le rôle de CAMPOST dans votre approche ?
CAMPOST est un levier stratégique exceptionnel et un catalyseur d’impact. Présente sur tout le territoire, elle incarne la proximité et la confiance. Notre ambition est de transformer chaque agence CAMPOST en un centre financier numérique de proximité. Avec à notre plateforme, CAMPOST n’est plus seulement une entreprise postale, c’est une banque numérique communautaire, un pôle de services essentiels pour les citoyens et les PME. Ainsi, Grâce à notre solution intégrée Campost-YunusPay™, nous avons transformé les agences CAMPOST en centres financiers digitaux accessibles même dans les zones reculées.
Nous avons déployé:
- Des terminaux PoS intelligents avec paiement mobile et carte,
- Des services de microcrédit, micro-assurance, paiements fractionnés,
- Une identification biométrique sécurisée,
- Et une interface conviviale pour tous les profils, même sans culture digitale.
Parlez-nous de l’innovation technologique chez Yunus.
L’innovation est dans notre ADN. Nous avons intégré :
- Des solutions biométriques pour l’identification sécurisée,
- Une infrastructure numérique robuste,
- Et plus récemment, le projet « Yunus Coin », une cryptomonnaie basée sur la blockchain VERTUBA, pensée pour l’Afrique. Elle vise à faciliter les transactions peer-to-peer, l’aide publique ciblée, les paiements transfrontaliers, et à stimuler l’entrepreneuriat.
La cryptomonnaie Yunus Coin est-elle une innovation réaliste pour l’Afrique ?
Absolument. Yunus Coin est plus qu’une cryptomonnaie : c’est un outil d’autonomisation économique. Basé sur la blockchain VERTUBA, il offre :
- Des frais de transaction ultra-bas,
- Une interopérabilité avec les systèmes existants,
- Et une sécurité robuste.
Yunus Coin permet aux non-bancarisés de recevoir, épargner, emprunter ou payer de manière totalement numérique, même sans compte classique.
Quels sont les défis à relever pour généraliser ces solutions ?
Le premier défi est culturel : convaincre que la finance numérique est fiable et bénéfique. Ensuite, il y a des obstacles réglementaires à aplanir, car la législation doit suivre l’innovation. Enfin, nous devons garantir une infrastructure digitale stable, même dans les zones rurales.
Mais les résultats sont déjà là. Les populations adoptent massivement nos solutions, les agences CAMPOST voient leur fréquentation augmenter, et nous créons de l’emploi numérique localement.
Quels sont les principaux obstacles à une inclusion fintech durable ?
Ils sont de trois ordres :
- Culte de la méfiance : il faut créer un climat de confiance numérique.
- Lenteur réglementaire : la législation doit évoluer avec l’innovation.
- Infrastructures déficientes : zones rurales mal connectées, équipements obsolètes.
Mais nous voyons une adoption grandissante. L’avenir demeure une belle promesse.
Comment voyez-vous le rôle de Yunus dans les 10 prochaines années ?
Nous voulons devenir une passerelle financière panafricaine, capable d’absorber des milliards d’euros de financements internationaux et de les canaliser efficacement vers les besoins sociaux et économiques locaux. L’Afrique n’a pas besoin de mendier. Elle a besoin d’outils d’autodétermination, et Yunus est là pour les concevoir.
Un mot pour conclure ?
Notre mission est simple : mettre la technologie au service de l’humain. Yunus SA n’est pas une fintech parmi d’autres. C’est un acteur social qui utilise la finance comme outil de transformation. L’Afrique n’a pas besoin de copier l’Occident : elle peut innover à partir de ses réalités. Et c’est ce que nous faisons.