Face à une flambée des prix du maïs et à la crise avicole qui en résulte, le gouvernement camerounais lance une importation massive de maïs pour tenter de réduire le coût des œufs sur le marché.
Depuis un an, la filière avicole camerounaise traverse une crise sans précédent. Le prix du maïs, ingrédient essentiel dans la nourriture des poules pondeuses, a crû de 138,4 % en moins de douze mois. Cette augmentation, due à la faiblesse de la production locale et aux aléas climatiques, a eu des conséquences dramatiques sur les coûts de production pour les éleveurs, entraînant une hausse des prix des œufs pour les consommateurs. Pour lutter contre cette inflation, les autorités ont décidé d’importer 30 000 tonnes de maïs entre janvier et mars 2025, pour un coût total avoisinant 7,5 milliards FCFA, soit environ 250 FCFA le kilogramme. François Djonou, président de l’Interprofession Avicole du Cameroun (Ipavic), souligne que cette importation a déjà contribué à faire baisser les prix sur les marchés, stabilisant ainsi le coût des œufs.
À Yaoundé, par exemple, le prix d’une alvéole d’œufs moyens est passé de 2 500 à 2 200 FCFA en un mois. Des tendances similaires sont observées à Douala, Dschang et Ebolowa, où les prix se situent entre 2 200 et 2 300 FCFA. Émilie Akel, revendeuse au marché d’Elig-Edzoa, exprime sa surprise face à cette baisse des prix, qu’elle attendait depuis six mois. Cependant, la relâche est fragile. La production nationale d’œufs a chuté à 95 501 tonnes en 2024, contre 123 100 tonnes l’année précédente. Pour que la production remonte en 2025, il faudrait que le prix du maïs diminue de 30 %, revenant à environ 180 FCFA le kilogramme.
Pour faire face à cette situation, l’Ipavic déploie plusieurs initiatives. En 2023, un couvoir de 57 600 œufs a été installé pour soutenir les jeunes aviculteurs, et une unité de production de 350 000 poussins d’un jour a été mise en place dans le Nord-Ouest. Par ailleurs, la Société de provenderie du Cameroun (SPC) envisage de doubler sa production annuelle de provende de 50 %, mais ce projet est pour l’instant au stade d’annonce. La route vers une stabilité durable de la filière avicole camerounaise semble encore longue, mais les efforts conjoints des acteurs du secteur témoignent d’une volonté de rebâtir sur des bases solides.