Crédits bancaires en zone Cemac – Le paradoxe des excédents bancaires dans une économie peu soutenue

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Excédent de trésorerie en hausse de 765 milliards FCFA (+10,2%) sur un an ; des créances en souffrance qui grimpent à un taux de 16,2% en 2024. Les excédents bancaires ne font pas des heureux auprès des entreprises et agents économiques, une image peu reluisante au sein d’une communauté économique qui explore la perspective d’un taux de croissance de 2,9% en 2025, selon les projections de la Beac.

À l’analyse du rapport de politique monétaire de mars 2025 rendu public par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Les banques de la Cemac sont pleines de liquidités, leurs excédents de trésorerie ayant atteint un montant record net de 8245 milliards FCFA par rapport à l’exercice 2023. Malgré cette surliquidité, l’encours du crédit dédié au soutien de l’économie régionale n’a progressé que de 1,52% à septembre 2024, soit un plafond de 2 492 milliards FCFA au troisième trimestre de la période sous-revue. Selon certains experts financiers, le choix pragmatique des banques d’honorer dans l’immédiat leurs engagements financiers et une forte présence dans les placements financiers, pourraient justifier un taux aussi faible.

En intégrant le fait qu’un excédent de liquidité se produit lorsque les flux de trésorerie dans le système bancaire dépassent de manière persistante les retraits de liquidité du marché par la banque centrale. Au niveau de la sous-région Cemac, l’augmentation minorée du taux de créances en souffrance démontre à suffisance des difficultés auxquelles font face les PME, les entreprises et autres agents économiques pour rembourser des prêts. Dans un système bancaire traditionnel, la banque est une institution financière essentielle qui collecte l’épargne, accorde des prêts et met à la disposition des clients des moyens de paiement. Bien encadrée, elle est un puissant levier de développement économique. Mal encadré, l’activité bancaire se trouve être une source d’instabilités et de crises.

Sur le terrain justement, l’octroi du crédit bancaire est à l’épreuve de critères très rigides. Ce qui altère l’accès au financement pour bon nombre de PME et particuliers, impactant négativement sur le développement économique. Au moment où la Beac a procédé à un abaissement de ses principaux taux directeurs, tout en promettant une enveloppe de 230 milliards de Fcfa en direction des acteurs économiques de la Cemac. Les banques   dépositaires devraient procéder à un assouplissement des conditions d’octroi de crédit, tout en garantissant une saine répartition des fonds, tant en placements qu’en financement productif. Des conditions idéales pour acter la croissance régionale.

Précisons que, l’excédent bancaire a représenté 33% du total du bilan de la zone Cemac, pratiquement un tiers de l’ensemble des ressources et engagements financiers des banques. D’ailleurs l’utilisation de ces excédents a crû de 21,7%, pour atteindre 11761 milliards FCFA en 2024. Malgré cette augmentation, petites et moyennes entreprises, particuliers, autres emprunteurs continuent de dénoncer un difficile accès au crédit.

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