Commerce international – Les droits de douane américains menacent les économies les plus fragiles, alerte l’ONU

Partager...

Dans une déclaration alarmante, la CNUCED dénonce la hausse des droits de douane imposée par les États-Unis, estimant qu’elle pourrait nuire aux pays en développement. Une politique jugée incohérente, dans un contexte mondial déjà fragile, où la coopération devrait primer sur la confrontation commerciale.

Les récentes décisions de Washington en matière de commerce extérieur ravivent les tensions internationales. À la suite de nouvelles hausses tarifaires annoncées début avril, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a exprimé ses vives inquiétudes quant à l’impact de ces mesures sur les pays les plus vulnérables. « L’heure est à la coopération, pas à l’escalade », a averti Rebeca Grynspan, secrétaire générale de l’organisme onusien, dans un communiqué daté du 4 avril. La CNUCED déplore une politique commerciale qui, sous prétexte de corriger les déséquilibres, frappe indistinctement 200 partenaires commerciaux, y compris les pays les moins avancés. Or, ces derniers ne représentent qu’une part marginale du déficit commercial américain — seulement 1,6 % pour les PMA, et 0,4 % pour les petits États insulaires.

Les pays en développement en ligne de mire

Pour la CNUCED, la généralisation des droits de douane risque de compromettre la stabilité économique de nations déjà fragilisées. « Conditions extérieures dégradées, dettes insoutenables, croissance ralentie » : les symptômes d’une « tempête parfaite » sont bien là. Les conséquences pourraient être dramatiques pour les économies dépendantes des exportations, qui utilisent ces recettes pour équilibrer leur balance commerciale et financer leur développement. Pire, une telle politique pourrait freiner les investissements étrangers et ralentir les flux commerciaux mondiaux, érodant ainsi les acquis sociaux durement obtenus au fil des années dans plusieurs pays du Sud.

La riposte de la Chine et la volatilité des marchés

L’escalade n’est pas restée unilatérale. En réponse aux décisions américaines, Pékin a répliqué en annonçant, dès le 10 avril, des droits supplémentaires de 34 % sur les produits américains. Une réaction qui a immédiatement impacté les marchés mondiaux, provoquant deux jours consécutifs de baisse des indices boursiers.

Zone Franc CFA : des relations déséquilibrées mais dynamiques avec les États-Unis

Dans ce contexte tendu, les pays de la zone Franc CFA ne sont pas épargnés. Les échanges commerciaux avec les États-Unis ont atteint des sommets en 2024, mais restent très inégaux selon les pays. La Côte d’Ivoire enregistre la plus forte performance, avec 1 milliard de dollars d’exportations contre 596,6 millions d’importations. Le Sénégal maintient un équilibre quasi parfait dans ses échanges. À l’opposé, le Bénin, le Mali et la Guinée-Bissau affichent une dépendance forte aux importations américaines et des exportations quasi nulles. Le Cameroun, lui, tire son épingle du jeu avec une balance légèrement excédentaire. Malgré cette dynamique, la région reste vulnérable aux décisions de Washington, qui pourraient affecter l’accès aux marchés et réduire les recettes d’exportation.

Vers une reconfiguration des partenariats ?

Face à ces incertitudes, plusieurs pays africains cherchent à diversifier leurs partenariats économiques, misant sur une coopération renforcée Sud-Sud ou un recentrage vers l’Union européenne et l’Asie. Mais cette transition est lente et les économies de la zone Franc CFA demeurent exposées aux caprices d’une politique commerciale américaine de plus en plus imprévisible.

Related posts