Après 15 ans d’incapacité à concrétiser le projet de fer de Mbalam-Nabeba, la junior minière australienne Sundance Resources se heurte au refus catégorique du Cameroun d’engager des négociations financières. Le gouvernement privilégie désormais d’autres partenaires pour l’exploitation du précieux minerai.
L’histoire du projet minier de Mbalam-Nabeba débute en 2006 lorsque Sundance Resources annonce l’acquisition de 100 % d’intérêts dans Cam Iron, détentrice du permis EP92 sur une vaste zone de 875 km². Avec la signature d’un accord de principe en 2008 avec le gouvernement camerounais, les perspectives semblaient prometteuses. Toutefois, malgré de multiples prorogations de sa licence, l’entreprise australienne a échoué à réunir les partenaires techniques et financiers nécessaires à la mise en œuvre du projet. Les négociations successives avec des groupes chinois comme China Gezhouba en 2015, Tidfore Heavy Equipment Group Ltd en 2018 et AustSino à partir de la même année n’ont jamais abouti. L’absence de concrétisation a progressivement érodé la confiance de l’État camerounais, le poussant à explorer d’autres alternatives.
Face aux échecs répétés de Sundance, le gouvernement camerounais a pris la décision, dès 2021, de confier le développement du projet à d’autres partenaires, notamment AustSino Resources Group Ltd et Bestway Finance. Une transition contestée par Sundance, qui a saisi la Chambre arbitrale internationale de Paris pour réclamer le remboursement de ses dépenses d’exploration, évaluées à 94 milliards de FCFA. Depuis le 17 août 2022, la société Cameroon Mining Company Sarl (CMC), liée à Bestway Finance, détient officiellement le permis d’exploitation du gisement de Mbalam-Nabeba, confirmant ainsi l’éviction définitive de Sundance.
Dans une correspondance du 27 mars 2025, Ferdinand Ngoh Ngoh, Ministre d’État et Secrétaire général de la Présidence de la République, a formellement rejeté toute initiative de négociation avec Sundance Resources. Répondant à une proposition du Ministre Délégué auprès du Ministre de la Justice, Jean de Dieu Momo, il a rappelé la position constante du Président Paul Biya : Sundance ne peut prétendre à aucun droit ni titre sur le gisement de fer de Mbalam. Le courrier souligne que le permis initialement octroyé à Cam Iron en 2005, et renouvelé à plusieurs reprises, a définitivement expiré en 2015. Il ajoute que la filiale camerounaise de Sundance n’a jamais prouvé sa capacité à exploiter le gisement, constituant ainsi une « défaillance grave aux obligations contractuelles ». Par conséquent, toute tentative de négociation serait contraire aux « Très Hautes instructions du Chef de l’État ».
Pendant que Sundance bataille devant les tribunaux, le Cameroun avance sur le terrain. La phase d’exploitation du gisement de fer de Mbalam, longtemps retardée, a effectivement débuté le 22 décembre 2023. Le gouvernement mise désormais sur ses nouveaux partenaires pour concrétiser un projet stratégique pour l’économie nationale.