Depuis l’entrée en scène de la Sonamines, la production aurifère a plus que doublé en un an, atteignant près de 860 kg en 2022. Cependant, l’exploitation artisanale et semi-mécanisée reste peu structurée, limitant l’impact économique du secteur. Entre défis de traçabilité et besoin de réglementation, le Cameroun cherche à mieux encadrer son or pour en maximiser les bénéfices.
Le secteur aurifère camerounais connaît une dynamique nouvelle. En 2022, la Société Nationale des Mines (Sonamines) a rapporté une production de 859,92 kg d’or, soit plus du double des 353,63 kg produits en 2021. Cette hausse de 143,34 % est le résultat d’une meilleure structuration des activités minières artisanales et semi-mécanisées, bien que ces dernières peinent encore à intégrer totalement les circuits formels.
La région de l’Est, notamment Batouri, reste le principal pôle de production avec 332,2 kg d’or extraits, représentant 37,3 % du total national. Betaré-Oya (20,29 %) et Ngoura (15,50 %) figurent également parmi les principaux contributeurs. Des localités comme Kette, Meiganga et Mbotoro participent aussi à la production, bien que dans une moindre mesure.
L’effet Sonamines : structuration et contrôle de la production
Créée en décembre 2020, la Sonamines a pour mission de mieux organiser l’exploitation minière et de renforcer la collecte de l’or destiné au Trésor public. En prenant la relève de la direction des mines du ministère en charge, elle vise à encadrer les activités minières et à sécuriser la filière aurifère, notamment via l’Impôt Synthétique Minier Libératoire (ISML). Cette supervision renforcée a permis de transférer plus de 650 kg d’or à l’État en 2022. Toutefois, ces volumes restent insuffisants pour permettre au Cameroun d’exploiter pleinement ses ressources aurifères comme levier de financement international.
Des défis persistants : traçabilité et informel freinent la rentabilité
Malgré les progrès, le secteur aurifère camerounais demeure marqué par un fort niveau d’informalité. Selon l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE), près de 90 % de la production artisanale et semi-mécanisée échappe encore aux circuits officiels. Ce manque de traçabilité limite la contribution de l’or à l’économie nationale et entrave la perception des taxes et impôts liés à son exploitation. D’autres obstacles freinent la pleine montée en puissance de la Sonamines. La libération partielle de son capital social, l’absence de cadre réglementaire pour la rémunération des bénéficiaires de l’ISML et la faible structuration des acteurs du secteur compliquent la collecte des revenus miniers.
Quelle solution pour valoriser l’or camerounais ?
Pour faire de l’or un véritable moteur de croissance, le Cameroun doit renforcer la formalisation de son exploitation aurifère. Selon le Directeur général de la Sonamines, cela passe par un recensement précis des artisans miniers, une cartographie détaillée des sites d’exploitation et un affinage de l’or répondant aux standards du London Bullion Market. En structurant mieux la filière et en intégrant les petits exploitants au circuit officiel, le pays pourrait accroître significativement ses revenus et renforcer son positionnement sur le marché international. Mais pour cela, un cadre réglementaire plus clair et des mécanismes de contrôle plus efficaces seront indispensables.