Les États membres de la CEMAC s’engagent à accélérer la mise en œuvre du roaming gratuit et à renforcer les infrastructures numériques transfrontalières. À travers des initiatives ambitieuses, dont le développement de la fibre optique et la modernisation des cadres réglementaires, la région cherche à réduire les coûts de la connectivité et à favoriser l’essor de l’économie numérique.
Lors des récentes discussions à Bangui, les pays de la CEMAC ont franchi une étape décisive en convenant d’accélérer la mise en place du roaming gratuit. Cette mesure vise à réduire les coûts des communications et à renforcer l’intégration régionale. Cet engagement reflète la volonté croissante des États d’harmoniser leurs politiques numériques afin de faciliter les échanges et le développement économique. La mutualisation des infrastructures est au cœur de cette dynamique. La construction de réseaux de fibre optique interconnectés entre le Cameroun, le Gabon, la République centrafricaine, le Tchad et le Congo illustre cette ambition. En partageant les coûts de développement des infrastructures, les États optimisent l’accès au numérique et réduisent les inégalités de connectivité.
Le Cameroun, un acteur clé de la transformation numérique
Le Cameroun se positionne comme un moteur du développement numérique en Afrique centrale. À travers le Cameroon Digital Innovation Center (CDIC), Yaoundé ambitionne de devenir un hub technologique régional. Ce centre d’excellence joue un rôle clé dans la formation aux compétences numériques et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs du secteur technologique. L’expansion du réseau national de fibre optique, géré par Camtel, est un autre pilier essentiel. Avec près de 18 000 km de fibre déployés et un objectif de 25 000 km, le pays mise sur une connectivité accrue pour soutenir la modernisation des services publics et l’essor de l’économie numérique.
Les autorités camerounaises ont également adopté des mesures incitatives, comme l’exonération fiscale pour les startups technologiques durant leurs cinq premières années. Ces initiatives, renforcées par des partenariats avec la Banque mondiale à travers le Projet d’Accélération de la Transformation Numérique du Cameroun (PATNUC), témoignent d’une volonté forte d’ancrer durablement le numérique dans la croissance économique.
Des défis persistants à surmonter
Malgré ces avancées, des obstacles majeurs freinent encore la pleine adoption du numérique en Afrique centrale. L’inégalité de couverture entre les zones urbaines et rurales constitue un frein à l’inclusion numérique. De nombreux territoires isolés restent dépourvus d’une connexion Internet fiable, limitant ainsi l’accès aux services numériques et aux opportunités économiques. L’insuffisance des compétences numériques, aussi bien au sein de l’administration publique que parmi la population, est une autre contrainte. La digitalisation des services nécessite une formation accrue des citoyens et des agents de l’État afin de maximiser son impact.
Enfin, la cybersécurité représente un enjeu crucial. La multiplication des services en ligne expose les utilisateurs à des risques accrus de cyberattaques, soulignant l’importance d’une gouvernance numérique renforcée et de mesures de protection adaptées.
Un rôle clé pour les partenaires au développement
Face à ces défis, les partenaires au développement jouent un rôle déterminant en soutenant les efforts nationaux et régionaux. L’investissement dans les infrastructures numériques, notamment dans les zones rurales, est essentiel pour combler la fracture numérique. Le renforcement des programmes de formation en compétences numériques, à destination des jeunes, des entrepreneurs et des agents publics, est une priorité pour garantir le succès de la transformation numérique. Par ailleurs, un accompagnement technique et financier dans le domaine de la cybersécurité permettra de sécuriser les transactions en ligne et d’instaurer un climat de confiance numérique.
Une dynamique à poursuivre pour un avenir numérique inclusif
L’engagement des États de la CEMAC pour une connectivité numérique plus accessible est un pas décisif vers une transformation économique durable. Toutefois, la réussite de cette transition repose sur une coopération accrue entre les gouvernements, le secteur privé et les partenaires au développement. Avec des initiatives structurantes comme le CDIC et le PATNUC, le Cameroun illustre le potentiel du numérique comme moteur de croissance et d’innovation. Pour que ces efforts portent pleinement leurs fruits, il est crucial d’intensifier la mutualisation des infrastructures, d’harmoniser les cadres réglementaires et d’assurer une inclusion numérique effective.
L’Afrique centrale est à un tournant numérique majeur. Une stratégie concertée et ambitieuse permettra de relever les défis actuels et de bâtir un écosystème numérique dynamique, créateur d’emplois et vecteur de développement économique durable.
