Le Cameroun s’apprête à renforcer sa capacité de transformation de caoutchouc avec l’annonce d’une nouvelle usine à Bomono Ba Mbengue, dans le Littoral. Porté par la société SOCA-TRACA, ce projet vise à accroître la transformation locale de l’hévéa, encore largement exporté à l’état brut.
Le secteur du caoutchouc au Cameroun s’apprête à franchir un nouveau cap avec la construction prochaine d’une unité de transformation à Bomono Ba Mbengue, dans l’Arrondissement de Dibombari, Région du Littoral. Cette initiative, portée par la société SOCA-TRACA, a été confirmée par le ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (Minepded) dans un communiqué du 18 mars 2025.
Dans cette optique, des audiences publiques se tiendront du 31 mars au 5 avril 2025 afin de recueillir les avis du public sur l’étude d’impact environnemental et social du projet. Cette étape essentielle vise à garantir une mise en œuvre conforme aux exigences de développement durable avant le lancement des travaux.
Un besoin urgent de transformation locale
Actuellement, moins de 50 % de la production nationale de caoutchouc est transformée localement. Selon l’Institut national de la statistique (INS), en 2023, sur une production de 70 800 tonnes d’hévéa, seulement 27 500 tonnes ont été transformées sur place, contre 43 263 tonnes exportées sous forme brute.
Ce déficit de transformation freine la création de valeur ajoutée et prive le pays d’une opportunité de renforcer son industrie locale. L’usine de SOCA-TRACA viendra ainsi compléter les efforts de transformation en cours, notamment avec la Cameroon Development Corporation (CDC), qui prévoit également une nouvelle usine entre 2025 et 2028.
Une dynamique industrielle en expansion
Le Cameroun s’est engagé depuis plusieurs années à renforcer la transformation de ses matières premières pour réduire sa dépendance aux exportations de produits bruts. Actuellement, la principale usine en activité est celle d’Hévéa Cameroun (Hevecam), située à Niété, dans le Sud du pays. Mise en service en 2019, elle produit environ 27 000 tonnes de caoutchouc par an.
L’arrivée de nouvelles unités industrielles, comme celle de SOCA-TRACA, pourrait donc changer la donne et contribuer à faire du Cameroun un acteur majeur de la transformation du caoutchouc en Afrique centrale.
Un impact économique et environnemental à surveiller
Si cette nouvelle usine représente une avancée pour le secteur industriel camerounais, elle soulève également des enjeux environnementaux et sociaux. L’étude d’impact en cours vise à identifier les risques potentiels liés à ce projet, notamment sur la biodiversité, les ressources en eau et les conditions de travail des employés du secteur.
En fonction des conclusions des audiences publiques, des mesures d’atténuation seront mises en place pour garantir un équilibre entre développement économique et préservation de l’environnement.
Vers une industrie du caoutchouc plus compétitive
Avec ce projet, le Cameroun affirme sa volonté de mieux exploiter ses ressources naturelles tout en réduisant sa dépendance aux exportations de matières brutes. L’industrialisation du secteur du caoutchouc pourrait ainsi générer de nouveaux emplois, attirer des investissements et renforcer la compétitivité du pays sur le marché international.
Toutefois, le succès de cette initiative dépendra de la capacité des acteurs impliqués à assurer une mise en œuvre efficace et durable du projet. Les prochaines étapes, notamment l’issue des audiences publiques et le début effectif des travaux, seront donc scrutées de près par les observateurs du secteur.