Finances publiques – L’État peine à honorer sa dette intérieure mais surpasse ses engagements extérieurs

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En 2024, le Cameroun n’a remboursé que 52,7 % de sa dette intérieure prévue, soit 435,5 milliards de FCFA sur les 826,3 milliards budgétisés. En revanche, le pays a dépassé ses objectifs en matière de dette extérieure, atteignant 942,6 milliards de FCFA de paiements. Un contraste qui interroge sur la gestion des finances publiques et la priorité accordée aux créanciers internationaux.

Selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le gestionnaire de la dette publique camerounaise, le Trésor public a honoré 435,5 milliards de FCFA de remboursements sur la dette intérieure en 2024. Ce montant est largement inférieur aux 826,3 milliards inscrits dans la loi de finances révisée. Ainsi, seulement 52,7 % des engagements ont été tenus.

Si la CAA ne donne pas d’explication précise sur cette contre-performance, plusieurs facteurs peuvent être avancés. D’une part, l’État accumule des restes à payer (factures en attente de règlement) estimés à 341 milliards de FCFA à fin 2024. D’autre part, les entreprises subissent des retards dans le remboursement de leurs crédits de TVA. Ces dettes, contrairement à celles contractées sur les marchés financiers, ne sont pas assorties d’échéances contraignantes, ce qui pourrait expliquer la lenteur des remboursements.

Un effort notable sur la dette extérieure

À l’opposé, la gestion de la dette extérieure a suivi une trajectoire plus favorable. La CAA indique que le Cameroun a réglé un total de 942,6 milliards de FCFA sur ses engagements extérieurs, dépassant les 825 milliards initialement prévus dans la loi de finances révisée. Ce dépassement s’explique par le caractère impératif des échéances contractuelles, incluant le remboursement du principal et des intérêts.

L’État camerounais, afin d’éviter un défaut de paiement auprès des créanciers internationaux, semble avoir priorisé ces obligations au détriment des fournisseurs et entreprises locales. Cette stratégie, bien que compréhensible dans un contexte de préservation de la crédibilité financière du pays sur le marché international, alimente des tensions économiques internes.

Une équation budgétaire délicate

Ce déséquilibre entre dette intérieure et extérieure soulève des questions sur la capacité du Cameroun à équilibrer ses finances publiques. L’accumulation des arriérés de paiement peut fragiliser les entreprises locales, ralentir l’activité économique et engendrer des tensions sociales.

Pour éviter une spirale d’endettement préjudiciable, le gouvernement devra trouver des solutions pour honorer ses engagements internes sans compromettre sa solvabilité à l’international. Une meilleure planification budgétaire et une discipline plus stricte dans la gestion des dépenses publiques apparaissent comme des leviers incontournables pour rétablir l’équilibre.

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