Avec plus de 100 000 conducteurs et 61 % des parts modales de transport à Douala, les mototaxis jouent un rôle central dans la mobilité urbaine. Pourtant, le secteur reste largement informel, exposé à des défis de sécurité et de réglementation. Une étude diagnostique menée par la Société financière internationale (SFI) a identifié cinq réformes prioritaires pour professionnaliser cette activité. Présentées le 11 mars 2025 lors d’un atelier, ces recommandations visent à structurer, sécuriser et numériser le secteur des mototaxis au Cameroun.
À Douala, les mototaxis, appelés localement « bendskins », représentent une part prépondérante du transport urbain. Avec plus de 100 000 conducteurs, ils offrent une solution de mobilité rapide et accessible aux habitants. Toutefois, leur prolifération s’est accompagnée de nombreuses difficultés : insécurité routière, encadrement réglementaire insuffisant, fiscalité informelle et conditions de travail précaires.
Face à ces défis, la Société financière internationale (SFI), en partenariat avec la Communauté urbaine de Douala (CUD), a mené une étude diagnostique du secteur. Ses conclusions, dévoilées le 11 mars 2025 en présence d’acteurs institutionnels et professionnels, mettent en lumière les axes de réforme nécessaires pour moderniser et professionnaliser cette activité.
L’étude de la SFI préconise cinq réformes majeures pour encadrer et professionnaliser les mototaxis à Douala.
- Encadrement des opérateurs : L’octroi de concessions aux entités de transport enregistrées permettrait de structurer le secteur en regroupant les mototaxis sous des coopératives ou entreprises officielles.
- Réformes réglementaires : L’accès aux permis de conduire et à la formation professionnelle doit être simplifié afin d’assurer une meilleure qualification des conducteurs.
- Numérisation du secteur : La mise en place de solutions numériques favoriserait la transparence, le suivi des flux financiers et l’amélioration de la collecte fiscale.
- Renforcement de la sécurité : Le port du casque obligatoire, la limitation de vitesse et d’autres mesures sont essentielles pour réduire le nombre d’accidents.
- Organisation des syndicats et délimitation des zones de circulation : Une meilleure structuration des travailleurs et la définition de zones spécifiques pour les mototaxis permettraient une cohabitation plus fluide avec les autres modes de transport.
Le Cameroun dispose déjà d’un cadre réglementaire pour l’exploitation des mototaxis. Un décret du 30 juillet 2013 complète les dispositions du décret du 31 décembre 2008 et fixe les conditions d’exercice de l’activité. Il impose notamment l’obtention d’une licence spéciale de transport (S2), une immatriculation et l’utilisation d’équipements spécifiques comme des casques pour les passagers et les conducteurs, un gilet de sécurité et des pare-chocs.
Cependant, l’application de ces règles reste limitée sur le terrain. Beaucoup de conducteurs exercent sans immatriculation ni assurance valide. De même, le port du casque est souvent négligé, augmentant le risque d’accidents graves.
L’atelier organisé par la SFI et la CUD marque une étape importante vers la modernisation du transport par mototaxis. En réunissant les acteurs du secteur, les autorités locales et les partenaires internationaux, il ouvre la voie à une transformation en profondeur.
Si ces réformes sont mises en œuvre, elles pourraient non seulement améliorer la sécurité et les conditions de travail des conducteurs, mais aussi favoriser une meilleure organisation du transport urbain à Douala. Toutefois, leur succès dépendra de la volonté des autorités à renforcer l’application des réglementations existantes et à accompagner les mototaxis vers une transition progressive et inclusive.