Renforcer la gestion durable des ressources halieutiques, promouvoir la pêche responsable et soutenir le développement socio-économique des maillons de la chaîne de valeur crevette au Cameroun. Ainsi se décline l’objectif de l’atelier organisé du 11 au 13 mars 2025 à Douala, par la Fao et sous la présidence du Dr Taïga, ministre de l’élevage, des pêches et des industries animales.
Le secteur de la pêche en général, et spécifiquement la pêche crevettière, fait face à de nombreux défis et menaces au Cameroun. Outre les méthodes de pêche entraînant des taux élevés de prises de crevettes juvéniles, ce qui provoque un épuisement progressif des stocks de crevettes et menace la durabilité des pêcheries. Les conflits de ressources et les inefficacités opérationnelles observés entre les pêcheurs artisanaux, les opérations industrielles, les transformateurs et les détaillants; nécessite la mise sur pied d’un plan de gestion unifié qui couvre à la fois les secteurs de la pêche artisanale et industrielle.
Un cadre multipartite pour élaborer des stratégies
Pour résorber ces menaces et anticiper sur les défis actuels de la pêche. Experts nationaux et internationaux, professionnels du secteur de la pêche, représentants des communautés locales et partenaires de développement se concernent pendant trois jours. Durant ces travaux, il est question de partager les expériences, d’échanger des idées novatrices et de collaborer sur des stratégies visant à améliorer la productivité et la durabilité des pêcheries crevettières au Cameroun.
De cet appel à une collaboration multipartite, Dr. Taïga, a exposé le chemin des initiatives déjà engagé par son département ministériel. « Outre ses ressources propres… Le ministère de l’Élevage, des pêches et des industries animales collabore avec plusieurs partenaires internationaux pour soutenir le développement durable de notre secteur de la pêche, promouvoir des techniques de pêche et d’aquaculture modernes, la formation des pêcheurs, et l’aménagement des zones de pêche ».
Le projet FISH4ACP, une réponse aux dynamiques de la pêche crevettière
Déterminée à accompagner le pays , la Fao demeure un partenaire très engagé en ce qui concerne la pêcherie. D’ailleurs pour son Représentant a.i au Cameroun, «… Le Cameroun est dans la voie de la modernisation de la gouvernance des pêches par le développement d’un plan de gestion durable de cette chaîne de valeur clé ». En effet, à travers le projet FISH 4 ACP, le gouvernement camerounais bénéficie de l’accompagnement de l’institution onusienne dans l’actualisation du plan d’aménagement de ses pêcheries crevettières artisanales, industrielles et la cartographie des zones de pêche.
À ce titre, le projet se concentre sur la pêcherie crevettière, avec cinq espèces de crevettes exploitées par la pêche industrielle et artisanale. objectif affirmé, la promotion des chaînes de valeur des pêches et d’aquaculture durables qui contribuent à la croissance économique, la la création d’emplois, la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Selon les responsables de la Fao, « Le projet FISH 4 ACP représente une opportunité précieuse pour renforcer la durabilité de l’industrie de la crevette au Cameroun. En adoptant des mesures de gestion efficaces, des techniques de pêche sélective et en favorisant la collaboration entre les parties prenantes, il est possible de surmonter les défis actuels et d’assurer une industrie de la crevette plus durable et prospère ».
La pêche, priorité du programme d’impôt-substitution
À en croire les autorités gouvernementales, le secteur de la pêche est au cœur de la transformation structurelle de l’économie nationale. Sur la base des données compilées par le Minepia, en 2023, la production halieutique totale du Cameroun a atteint environ 340 000 tonnes, dont 80% proviennent de la pêche maritime artisanale. Malgré cette production, la demande intérieure du pays reste forte, et est estimée à 500 000 tonnes par an.
Même si le secteur de la pêche représente environ 17% du PIB du Cameroun et emploie 60% de la population active. Les importations de poissons de mer congelés ont représenté une dépense de 761,2 milliards FCFA entre 2018 et 2022. De plus, entre 2021 et 2025, le Cameroun a prévu de réduire de 15% sa dépendance aux importations de produits de la mer, qui était de 31% en 2021.
Afin d’atteindre le cap d’une production de 600 000 tonnes de poissons d’ici 2027 et réduire drastiquement la dépendance aux importations. Le cadre fixé par la SND 30 vise à moderniser et à industrialiser le secteur de la pêche pour augmenter sa contribution au PIB, à créer des emplois durables. Elle prévoit également des investissements dans les infrastructures de pêche, la formation des pêcheurs, et la promotion de pratiques de pêche durables.
Pour rappel, et en raison des faiblesses du Cameroun à contrôler la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). Le pays s’était vu attribué un carton jaune de l’Union Européenne en 2021, puis un carton rouge en 2023. À date, une série d’initiatives ont été prises et mises en place pour répondre aux exigences internationales en matière de pêche. Un secteur clé qui, d’après les chiffres de la Fao, emploie près de 200 000 personnes au Cameroun, dont 62,5% proviennent de la pêche artisanale (maritime et continentale).