148 membres décédés, une saisine à l’arrêt depuis 1986, aucun résultat palpable à date, les deux derniers survivants aux abonnés absents. L’opinion s’interroge à nouveau sur les raisons d’exister d’une institution qui se porte depuis près de 40 ans comme un pot de fleur. Ce au moment où le nouveau siège construit sur fonds propres, a été inauguré pour un coût total de 40 milliards de FCFA, soit 21 ans après la pose de sa première pierre.
Nommé le 04 février 1984 par Paul Biya au poste de Président du Conseil Économique et Social, en remplacement de Félix Sabal Leco. Ayang Luc et son timbre vocal peu audible n’ont pourtant pas jusqu’ici marqué l’opinion publique camerounaise. En effet, le Conseil économique et social du Cameroun poursuit sa déchéance tel un corps devenu inutile. Créée par l’article 54 de la Constitution de 1972, et régi par la loi N° 86/009 du 5 juillet 1986. L’institution aura joué un rôle clé dans la mise en œuvre des plans quinquennaux autour des années 70. Inerte depuis 1986, ce conseil fait l’objet de multiples réserves depuis la crise économique des années 80 et la dévaluation du Fcfa qui s’en est suivi entre 1994 et 1995.
Près de 76 milliards Fcfa englouti en 38 ans
Passé la gloire d’antan, l’opinion se questionne également sur l’intérêt de maintenir une institution obsolescence des réalités actuelles, pire de l’opacité qui encadre tant sa gouvernance que ses activités. Dans son acte création, ce conseil constitue auprès des pouvoirs publics, une assemblée consultative qui assure la représentation des principales activités économiques et sociales, favorise la collaboration des différentes catégories professionnelles entre elles et contribue notamment à l’élaboration de la politique économique et sociale du Gouvernement. Le Conseil économique et social donne également son avis sur des projets de lois, d’ordonnance ou de décret ainsi que des propositions de lois. Loin des réalités actuelles, à ce jour le conseil n’a plus été saisi depuis 39 ans. Malgré ces entre faits, un budget de fonctionnement a continué d’être voté pour cette assemblée de consultation. Jusqu’en 2024, près 76 milliards de Fcfa ont été alloués, à date aucun audit ne semble avoir été effectué pour ce conseil qui ne compte plus que 2 membres en activité virtuelle.
Une existence aux confins de la mort.
Le 24 avril 2023, un décret présidentiel fixant la répartition par catégorie des 150 membres du Conseil économique et social (CES), a été signé par le Président de la République, Paul Biya. Selon la répartition, il est composé de personnalités choisis dans les diverses catégories de la vie publique notamment les professions libérales (6 membres); les syndicats (6 membres), les associations (6 membres), l’industrie, le commerce et l’artisanat (18 membres), l’économie, le développement social, l’emploi, l’éducation, la presse, la recherche scientifique et technique, l’environnement et le développement durable…(66 membres), l’agriculture, les pêches et l’élevage (24 membres), les banques et le crédit (12 membres)… Etc.
Mais une triste réalité encadre cet ancrage réglementaire. En fait, des 150 membres qui avaient été nommés, le conseil est depuis quelques années aux mains de deux personnalités que sont le Président de l’institution et son vice-président. Avec une vague de décès record,148 membres pour être précis, aucun décret n’a jusqu’ici été signé pour les remplacer. La même incertitude entoure la nomination le 20 juillet 2018, d’un nouveau Secrétaire Général en la personne de Zacharie Ngoumbe. À ce jour, rien ne filtre autour de sa prise officielle de fonction.