« Yaoundé Cœur de Ville » – Un nouveau report faute de paiement des indemnisations

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Prévu depuis cinq ans et financé en grande partie par l’Agence française de développement (AFD), le projet « Yaoundé Cœur de Ville » connaît un nouveau report. Initialement attendu en janvier 2024, puis en mars 2025, son lancement est retardé en raison du non-paiement des indemnisations aux populations concernées. Une situation qui suscite des interrogations quant à la mise en œuvre effective de ce programme destiné à améliorer la mobilité urbaine dans la capitale camerounaise.

Le projet « Yaoundé Cœur de Ville » vise à moderniser les infrastructures de transport dans la capitale camerounaise, en réponse à une urbanisation galopante et aux défis liés à la mobilité. Avec une enveloppe initiale estimée à 49,2 milliards de FCFA (environ 75 millions d’euros), il est financé à plus de 75 % par l’AFD, l’État camerounais apportant une contrepartie de 5,6 milliards de FCFA. Son exécution repose sur quatre composantes : des aménagements structurants (travaux de voirie, aménagement de carrefours), des actions à impacts rapides, des indemnisations pour les populations affectées et le pilotage du projet. Malgré l’attribution des travaux au groupe français Razel BEC et sa filiale Razel Cameroun pour un montant de 35,8 milliards de FCFA sur 30 mois, la mise en route du programme reste bloquée.

Le 4 mars 2025, un communiqué du ministère de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), dirigé par Célestine Ketcha Courtes, a annoncé un énième report. La décision découle des recommandations du comité technique bilatéral du programme Contrat de Désendettement et Développement (C2D), réunissant notamment l’AFD.

La principale cause du retard réside dans le non-paiement des indemnisations prévues dans le Plan d’Action de Réinstallation (PAR). Bien que le gouvernement n’ait pas communiqué de montant officiel, des sources proches du dossier estiment ces compensations à 1 milliard de FCFA. L’absence de ces paiements empêche le début effectif des travaux, retardant encore l’amélioration des conditions de transport pour les habitants de la ville.

Avec une population estimée à 4,3 millions d’habitants, Yaoundé fait face à une congestion croissante. Selon l’AFD, 40 % des déplacements y sont assurés par les taxis collectifs et 33 % par la marche à pied. L’aménagement prévu dans le cadre du projet devait notamment concerner des zones stratégiques comme le carrefour Mvan, le carrefour Elig-Effa et la gare routière de Mokolo, afin d’améliorer la fluidité des déplacements.

À terme, « Yaoundé Cœur de Ville » promet de bénéficier à 430 000 usagers de transports collectifs en optimisant leur mobilité et en offrant des infrastructures modernes aux transporteurs et passagers. Cependant, tant que les indemnisations ne sont pas versées, le chantier ne peut débuter, maintenant les habitants dans l’attente d’une réelle transformation urbaine.

Alors que le gouvernement et l’AFD avaient fixé le mois de mars 2025 comme nouvelle échéance, l’absence de paiement des indemnisations soulève des doutes sur la capacité des autorités à débloquer rapidement la situation. Ce nouveau report prolonge les incertitudes autour d’un projet essentiel pour la modernisation de Yaoundé, dans un contexte où l’urbanisation continue d’exercer une pression croissante sur les infrastructures existantes.

Les habitants, les usagers des transports et les acteurs économiques attendent désormais une issue rapide pour éviter que « Yaoundé Cœur de Ville » ne rejoigne la longue liste des projets d’infrastructures à l’arrêt faute de financement effectif.

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