Les recteurs des universités et responsables d’organismes de recherche de la CEMAC ont tracé de nouvelles orientations pour une formation universitaire tournée vers l’industrialisation et l’emploi. L’objectif est d’adapter les enseignements aux réalités économiques de la sous-région.
Réunis à Yaoundé du 4 au 5 mars 2025 dans le cadre de la 10ᵉ session ordinaire de la Conférence des Recteurs d’Universités et des Responsables d’Organismes de Recherche d’Afrique Centrale (CRURORAC), les acteurs du système éducatif de la CEMAC ont jeté les bases d’une réforme profonde de l’université. L’enjeu ? Adapter la formation universitaire aux exigences du marché du travail et accélérer le processus d’industrialisation des économies sous-régionales. À l’issue des travaux, plusieurs recommandations ont été formulées. Parmi elles, l’organisation des états généraux de la formation en zone CEMAC et la création d’un observatoire sous-régional de l’emploi. Une démarche qui traduit la volonté des autorités académiques de réinventer l’université et d’en faire un levier du développement socio-économique.
L’une des grandes résolutions de cette rencontre a porté sur l’évaluation du système Licence-Master-Doctorat (LMD), en vigueur dans les universités de la sous-région. Si ce système a permis une certaine harmonisation des cursus, son impact sur l’insertion professionnelle reste limité. Les recteurs ont donc insisté sur la nécessité d’une réforme profonde du LMD pour le rendre plus conforme aux besoins du marché du travail. Parmi les pistes proposées figurent l’élaboration d’une politique commune de l’enseignement supérieur et le développement d’une stratégie d’harmonisation du LMD à l’échelle sous-régionale. L’objectif est de garantir des formations qualifiantes, adaptées aux réalités socio-économiques et capables de favoriser l’employabilité des diplômés.
Si des avancées ont été notées dans l’enseignement supérieur de la CEMAC, la diversité des systèmes éducatifs constitue un frein à la mobilité des étudiants et des chercheurs. La CRURORAC a donc recommandé la mise en place d’un cadre commun pour l’enseignement supérieur, la recherche et la formation professionnelle. L’harmonisation des programmes et des diplômes permettra une meilleure reconnaissance des qualifications au sein des six États membres de la CEMAC. Ce processus vise également à garantir une meilleure implémentation des textes communautaires en matière d’éducation et de formation, tout en renforçant la compétitivité des universités sous-régionales à l’échelle africaine et internationale.
L’un des axes majeurs de cette rencontre a été l’importance de la formation technique et professionnelle dans le processus d’industrialisation des économies d’Afrique centrale. Dans un contexte marqué par une digitalisation croissante, la professionnalisation des enseignements apparaît comme une nécessité pour permettre aux jeunes diplômés d’intégrer rapidement le marché du travail. Ainsi, les discussions ont mis en lumière les rôles et potentiels du numérique comme catalyseur de la formation pour l’emploi. Les experts ont insisté sur l’urgence d’une politique commune en matière de formation qualifiante et d’une réforme du système d’enseignement technique.
Pour piloter ces réformes et assurer leur mise en œuvre, un nouveau bureau de la CRURORAC a été désigné pour l’exercice 2025-2026. À sa tête, le Recteur de l’Université de Bangui (République Centrafricaine) assurera la présidence. Il sera secondé par le Président de l’Université Marien Ngouabi (République du Congo) en tant que vice-président. Le Recteur de l’Université Omar Bongo (République Gabonaise) agira en qualité de rapporteur, avec pour adjoint un recteur d’une université camerounaise. La 11ᵉ session ordinaire de la Conférence des Recteurs se tiendra en 2026 à l’Université de Bangui et portera sur le thème « La gouvernance universitaire à l’ère de l’intelligence artificielle : enjeux, opportunités et défis pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation en zone CEMAC ».