Marché financier – Moody’s alerte sur de possibles retards de paiement malgré les efforts du gouvernement

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L’agence de notation Moody’s met en garde contre un risque accru de retards de paiement au Cameroun, évoquant des tensions budgétaires et des incertitudes politiques. Pourtant, Yaoundé, qui a récemment levé des fonds pour apurer ses arriérés, assure être à jour de ses obligations. Entre perception de risque et réalité économique, le pays tente de rassurer ses créanciers.

Dans une revue périodique publiée le 21 février, l’agence de notation financière Moody’s a mis en avant les vulnérabilités budgétaires du Cameroun, qui pourraient affecter sa capacité à honorer ses engagements financiers. L’agence cite notamment la volatilité des prix mondiaux des carburants, les dépenses de sécurité imprévues, les difficultés des entreprises publiques et le durcissement des conditions de financement. Moody’s souligne également une gestion de la dette perfectible dans un contexte économique mondial tendu. Ces facteurs combinés pourraient, selon l’agence, entraîner de nouveaux retards de paiement, ce qui pourrait provoquer une nouvelle dégradation de la note du pays. En juillet 2023, Moody’s avait déjà abaissé la note souveraine du Cameroun de B2 à Caa1, en raison de retards de paiement constatés en 2022 et 2023 sur des emprunts contractés auprès de Deutsche Bank Spain, Exim Bank China et Exim Bank Turkey.

Face aux inquiétudes soulevées par Moody’s, le gouvernement camerounais met en avant les efforts déployés pour assainir sa gestion financière. En juillet 2024, le pays a levé 550 millions de dollars sur le marché international afin d’apurer une partie de ses arriérés. De plus, dans le cadre de son programme avec le Fonds Monétaire International (FMI), Yaoundé a mis en place un plan de règlement des arriérés intérieurs sur sept ans. Actuellement, la dette publique du Cameroun reste inférieure à 40 % du PIB, un niveau considéré comme maîtrisé par les autorités financières nationales.

Moody’s évoque également un « risque politique persistant » qui pourrait peser sur la stabilité financière du pays. L’agence s’inquiète notamment d’une éventuelle transition chaotique du pouvoir présidentiel, alors que Paul Biya, au pouvoir depuis 42 ans, reste un acteur clé de la scène politique. Toutefois, cette inquiétude est jugée excessive par certains observateurs. En effet, malgré les défis politiques, le Cameroun n’a jamais fait défaut sur sa dette extérieure. Certains estiment que les agences de notation maintiennent volontairement une perception négative du pays, ce qui renchérit le coût de ses emprunts.

Les analyses de Moody’s ont suscité des critiques, notamment de la part du Mécanisme Africain d’Évaluation des Pairs (MAEP), une organisation de l’Union Africaine. Dans un rapport publié en 2024, le MAEP remet en cause la méthodologie de l’agence, estimant que celle-ci n’a pas tenu compte des efforts du Cameroun au moment du déclassement de sa note en 2023. L’organisation recommande au gouvernement camerounais de renforcer sa gestion de la trésorerie et d’éviter l’accumulation de nouveaux arriérés, notamment envers les créanciers privés. Elle insiste sur l’importance de maintenir un historique de paiement irréprochable pour améliorer la perception du pays auprès des investisseurs internationaux.

Alors que le Cameroun tente de rassurer ses créanciers et d’améliorer sa gestion de la dette, il doit composer avec un environnement international incertain. Le maintien d’une discipline budgétaire stricte, la transparence financière et la poursuite des réformes économiques seront des éléments clés pour éviter une nouvelle dégradation de sa note souveraine. Si Moody’s continue de brandir des signaux d’alerte, la capacité du Cameroun à honorer ses engagements et à gérer efficacement sa dette pourrait, à terme, contredire ces prévisions pessimistes et renforcer la confiance des investisseurs.

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