Zone CEMAC – Maîtriser les financements structurés pour le développement des infrastructures

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Lancé officiellement le 26 février 2025, à Douala, un séminaire de haute finance parrainé par le ministre des Finances. L’événement vise à doter les cadres financiers des outils nécessaires pour naviguer dans le paysage complexe des financements structurés, essentiels au développement des infrastructures dans les pays de la CEMAC, notamment le Cameroun.

Selon le FMI, le solde budgétaire de la zone CEMAC est redevenu déficitaire de 0,3 % du PIB en 2023 et pourrait atteindre 0,9 % en 2025. Cette détérioration est principalement due à la baisse des recettes pétrolières, conséquence de la chute des prix du pétrole sur le marché international. Parallèlement, le ratio dette publique/PIB de la région a grimpé à 53,8 % en 2023, pour s’établir à 57,2 % en 2024, soit 151 milliards d’euros. Certains États membres, tels que le Congo et le Gabon, affichent une vulnérabilité particulièrement élevée.

Face à cette situation alarmante, une réunion d’urgence des chefs d’État de la CEMAC s’est tenue à Yaoundé le 16 décembre 2024. Le président camerounais, Paul Biya, a mis en garde contre les « conséquences désastreuses » pour la stabilité financière de la région si des mesures urgentes ne sont pas prises pour inverser la tendance. Les experts du FMI et de la Banque mondiale, présents lors de cette rencontre, ont souligné la nécessité d’actions décisives et coordonnées pour remédier aux déséquilibres fiscaux et externes.

La Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC) a estimé en 2020 que les besoins de financement pour des projets intégrateurs dans la zone dépassaient les 4 milliards d’euros pour la période 2021-2025. Ces projets concernent principalement les secteurs du transport, de l’énergie, des télécommunications, de l’agro-industrie, de l’éducation et de la santé. Dans un contexte de rareté des ressources, les pays de la CEMAC sont contraints de rechercher des solutions de financement innovantes pour concrétiser ces projets structurants.

En tant que locomotive économique de la zone CEMAC, le Cameroun affiche un endettement largement inférieur au ratio communautaire de 70 %. Néanmoins, pour atteindre les objectifs fixés dans sa Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND30), le pays doit mobiliser des financements massifs, notamment dès cette année charnière 2025. Le budget de l’État prévoit une levée de dette de 1 795 milliards de FCFA, dont 70,8 % provenant de prêts projets et 29,2 % d’appuis budgétaires. Pour la période triennale 2025-2027, le besoin d’endettement est estimé à 5 407 milliards de FCFA. Cette situation impose au Cameroun de maîtriser les mécanismes de financements structurés afin de diversifier ses sources de financement et d’obtenir des ressources à long terme pour ses projets d’infrastructures.

C’est dans ce contexte que se tient le séminaire de haute finance à Douala, réunissant des cadres financiers seniors de divers départements ministériels, d’entreprises publiques et privées, ainsi que des banques. Pendant trois jours, des experts internationaux partageront leur expérience et leur savoir-faire en matière de financements structurés. Les thématiques abordées incluent la transformation et l’efficience des organisations financières, le financement de projets à long terme dans les secteurs clés, la titrisation, la notation financière et l’utilisation de produits dérivés.

L’objectif principal est de permettre aux participants d’acquérir une maîtrise approfondie des instruments financiers complexes, adaptés aux besoins spécifiques du Cameroun et de la région CEMAC. À l’issue du séminaire, une évaluation sera réalisée pour s’assurer que chaque participant est en mesure de mettre en œuvre des opérations de financements structurés efficaces, contribuant ainsi au développement durable des infrastructures dans la région.

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