Yaoundé le 26 février 2025, l’ouverture des Rencontres Économiques du Cameroun a remis sur le devant de la scène le dialogue entre les secteurs public et privé. Alors que le Cameroon Business Forum (CBF) demeure en suspens depuis quatre ans, ce nouveau cadre initié par le Groupement des Entreprises du Cameroun (GECAM) entend renforcer les échanges pour dynamiser l’économie nationale. Le Premier ministre Joseph Dion Ngute a tenu à préciser que ces rencontres ne viennent pas remplacer le CBF, mais plutôt le compléter pour assurer un climat d’affaires plus serein et efficace.
Depuis sa dernière édition prévue en décembre 2021, le Cameroon Business Forum est resté sans nouvelles. Conçu en 2009 comme un cadre de dialogue officiel entre les secteurs public et privé, il a progressivement perdu en visibilité. L’édition de 2021, qui devait se concentrer sur les pistes de relance post-Covid-19 et le soutien aux PME, n’a pas donné de suite concrète. Face à cette situation, le secteur privé, sous l’impulsion du GECAM, a cherché une alternative pour faire entendre ses doléances. C’est ainsi qu’ont vu le jour Les Rencontres Économiques du Cameroun, un espace destiné à réactiver les discussions et proposer des solutions adaptées aux défis économiques du pays.
Lors de son discours d’ouverture, Joseph Dion Ngute a clarifié la position du gouvernement : « Les Rencontres Économiques du Cameroun ne remplacent pas le Cameroon Business Forum. Les deux doivent être complémentaires. » Selon lui, l’objectif est de renforcer le partenariat public-privé et d’assurer une meilleure exécution des décisions économiques. Le secteur privé a souvent critiqué le CBF pour son manque d’impact réel, les résolutions prises peinant à être mises en application. De plus, le fait que les décisions y soient centralisées à la Primature a été perçu comme un frein à l’efficacité du dialogue économique. Malgré ces critiques, le gouvernement continue de vanter la diversification économique du pays, soulignant les opportunités offertes par un marché sous-régional de 60 millions de consommateurs et l’accès à celui du Nigeria, qui compte plus de 200 millions d’habitants.
Les Rencontres Économiques du Cameroun s’articulent autour d’ateliers stratégiques visant à définir des solutions concrètes pour la relance de l’économie nationale. Parmi les principaux thèmes abordés :
Développement de l’Agri-business : La transformation du secteur agricole est un enjeu clé, avec plus de 7 millions d’hectares cultivables encore sous-exploités. La mise en place d’un cadre d’investissement propice pourrait en faire un véritable levier du développement industriel et des services.
Fiscalité et Douane : La question de la cohérence entre politiques économiques et politiques fiscales est au cœur des préoccupations. L’objectif est de faire du système fiscal camerounais un outil efficace de développement économique.
Financement des PME et Innovation : Le rôle du numérique et de l’innovation dans la compétitivité des entreprises sera exploré, notamment en ce qui concerne l’accès au financement et la modernisation des processus de production.
Le Premier ministre a conclu son intervention en appelant les acteurs économiques à unir leurs forces pour l’émergence du Cameroun : « Nous sommes appelés à unir nos forces pour l’émergence. » Il a souligné l’importance des propositions issues des travaux de Yaoundé, qui devront nourrir les décisions politiques et renforcer le partenariat public-privé. Avec pour thème général « Relancer l’économie camerounaise dans le contexte de mutation profonde de l’économie mondiale : Quelles sont les clés ? », ces rencontres constituent une opportunité stratégique pour repenser le modèle économique du pays. L’enjeu est de taille : faire du Cameroun un acteur majeur dans la nouvelle dynamique économique africaine et mondiale.