Grève à la Semry – La campagne rizicole 2025-2026 en péril

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Depuis le 17 février 2025, les employés de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry) sont en grève pour réclamer six mois d’arriérés de salaires. Une situation qui bloque les activités de l’entreprise et menace la mise en place de la campagne rizicole ainsi que l’exécution du projet Viva-Logone financé par la Banque mondiale à hauteur de 124 milliards de FCFA.

Le climat social est tendu à la Semry, où les employés ont cessé toute activité depuis le 17 février. Ce mouvement de grève, qui entre dans sa deuxième journée, paralyse entièrement l’entreprise et compromet le bon déroulement de la campagne rizicole 2025-2026. « Nous sommes en pleine phase de préparation de la saison. Une journée perdue, c’est un retard difficile à rattraper », confie un cadre de l’entreprise. À Yagoua et Maga, deux des plus grands bassins de production du riz dans l’Extrême-Nord du Cameroun, les entrepôts sont à l’arrêt, laissant craindre un impact direct sur la production nationale.

Au-delà des conséquences sur la production locale, la grève met en péril le projet Viva-Logone. Lancé en novembre 2022 pour une durée de sept ans et financé à hauteur de 124 milliards de FCFA par la Banque mondiale, ce programme vise à moderniser les infrastructures d’irrigation et à améliorer la productivité agricole dans la Vallée du Logone. La cellule de gestion du projet étant intégrée à la Semry, l’arrêt des activités freine son exécution, compromettant ainsi les objectifs de relance de la production rizicole nationale.

Ce n’est pas la première fois que la Semry est secouée par des mouvements sociaux. Déjà en 2018, les employés avaient observé une grève pour des arriérés de salaires de cinq à six mois. Une situation similaire s’est reproduite en janvier 2022, où le personnel avait obtenu, après une semaine de mobilisation, une promesse de paiement partiel de trois mois. Les raisons de ces retards de paiement restent floues. Toutefois, la lenteur dans le déblocage de la subvention annuelle de 600 millions de FCFA accordée par l’État à la Semry pourrait être en cause. En 2022, la Commission technique de réhabilitation (CTR) avait déjà pointé du doigt l’absence de subventions d’investissement, un facteur contribuant à la dégradation de l’entreprise.

Cette crise survient alors que le Cameroun est engagé dans un Plan intégré d’import-substitution visant à réduire sa dépendance aux importations de riz. Malgré les efforts du gouvernement, la production nationale peine à couvrir la demande. Pour le ministre de l’Agriculture, Gabriel Mbairobe, l’un des principaux défis de la Semry reste le manque d’équipements. « Nous avons déjà acheté dix tracteurs et nous allons en ajouter quatre autres. De plus, une troisième ligne de décorticage sera réhabilitée », annonçait-il sur la radio nationale le 19 janvier 2025. Mais ces initiatives suffiront-elles à redresser la situation ? Face à l’urgence, l’État se doit d’agir rapidement pour éviter une crise alimentaire et assurer la pérennité de la filière rizicole camerounaise.

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