Autoroute Yaoundé-Douala – Les indemnisations retardent la phase 2 du projet

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Lancée en octobre 2024, la phase 2 du projet d’autoroute Yaoundé-Douala est à l’arrêt depuis novembre en raison du non-paiement des indemnisations aux populations affectées. Face aux tensions, le gouvernement a engagé un dialogue avec les riverains et propose des mesures pour débloquer la situation.

La deuxième phase du projet d’autoroute reliant Yaoundé à Douala, capitale économique du Cameroun, est actuellement suspendue. En cause, les indemnisations non versées aux riverains affectés par les travaux. L’entreprise chinoise Cfhec, chargée de l’exécution du projet, se retrouve confrontée à des contestations locales, empêchant l’avancée du chantier. Sur les 28 premiers kilomètres du tracé, les travaux de déforestage, essentiels à la préparation du terrain, sont paralysés. Cette situation compromet non seulement le respect des délais mais aussi la sécurité et l’accès aux infrastructures en cours de construction.

Pour tenter de désamorcer la crise, le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, s’est rendu le 14 février 2025 à Bibodi, dans la région du Centre. Sur place, il a échangé avec les populations concernées, qui ont réaffirmé leur exigence : le paiement effectif des compensations avant la reprise des travaux. Le ministre a tenu à les rassurer en affirmant qu’aucun bien ne serait détruit sans indemnisation préalable. Il a également souligné les bénéfices socio-économiques qu’apportera l’autoroute aux localités traversées. Pour faciliter la communication et le suivi du dossier, une commission locale placée sous l’autorité du préfet a été mise en place, intégrant des représentants des riverains.

Lors de la réunion, Emmanuel Nganou Djoumessi a proposé de débuter les travaux sur une portion réduite de 2 à 5 km sur une largeur de 200 mètres, afin d’accélérer le processus. Il a également réaffirmé l’engagement de son ministère à mobiliser les ressources nécessaires pour indemniser les biens impactés sur cette zone. L’entreprise Cfhec, de son côté, a indiqué qu’elle était prête à reprendre les activités dès que les indemnisations auront été réglées.

La question des compensations financières n’est pas nouvelle. Lors d’une précédente réunion en janvier 2025, le ministre des Travaux publics avait annoncé qu’il ne serait pas possible de verser l’intégralité des indemnisations avant le début effectif des travaux. Cependant, une « emprise utile » avait été définie, réduisant la zone à libérer de 200 mètres à 100 mètres, permettant ainsi une libération progressive du tracé. Cette problématique avait déjà entravé la phase 1 du projet, avec des retards dus au non-paiement des compensations. Pour éviter que ces blocages ne se reproduisent, le gouvernement avait annoncé en octobre 2024 que les indemnisations seraient désormais anticipées. Néanmoins, la liste définitive des bénéficiaires n’a toujours pas été publiée, ce qui alimente les frustrations des riverains.

La phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala représente un investissement estimé à 880 milliards de FCFA. Elle comprend cinq tronçons majeurs : Bibodi-Bodmon (39,5 km), Bodmon-Edéa Est (34 km), Edéa Est-Edéa Ouest (30 km), Edéa Ouest-Pitti gare (18 km) et Pitti gare-Massoumbou (19,5 km). Prévue pour s’achever en 36 mois, cette phase doit éviter les écueils de la première section, dont l’exécution a duré plus de huit ans et coûté près de 350 milliards de FCFA, contre un budget initial de 284 milliards.

Face aux obstacles, le gouvernement espère que les négociations en cours permettront de lever les derniers freins à la reprise du chantier et d’éviter une prolongation des délais de livraison.

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