Entre 2020 et 2024, le Cameroun a vu les taux d’intérêt de ses bons du Trésor passer de 2,67 % à 6,33 %, soit une augmentation de plus de 100 %. Cette hausse s’accompagne d’une baisse du taux de couverture des émissions, traduisant un moindre engouement des investisseurs. Quels sont les facteurs derrière cette évolution ?
Lors de la présentation du programme de financement de l’État pour 2025, le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, a révélé une augmentation significative des taux d’intérêt des Bons du Trésor Assimilables (BTA) émis par le Cameroun. Ces instruments financiers de court terme, qui permettent à l’État de gérer ses tensions de trésorerie, affichaient un taux moyen de 2,67 % en 2020. En 2024, ce taux a grimpé à 6,33 %, soit une hausse de plus de 100 %. En parallèle, le taux de couverture des émissions – qui mesure l’appétit des investisseurs pour ces titres – a chuté de 206,9 % en 2020 à seulement 69 % en 2024. Autrement dit, si en 2020, les investisseurs proposaient jusqu’à trois fois le montant recherché par l’État, ils ne couvrent plus que la moitié des besoins exprimés.
Ce désintérêt croissant pour les BTA camerounais s’explique en partie par la politique de taux d’intérêt du pays. Malgré la hausse observée, les rendements offerts par le Cameroun restent parmi les plus bas du marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). Or, dans un contexte international marqué par une remontée des taux, les investisseurs recherchent des placements plus rémunérateurs. De plus, les contraintes budgétaires croissantes du Cameroun et la concurrence accrue des autres pays de la zone CEMAC, qui offrent des taux plus attractifs, rendent les titres du Trésor camerounais moins séduisants.
La baisse de l’engouement des investisseurs pour les BTA signifie que l’État pourrait rencontrer davantage de difficultés à lever les fonds nécessaires pour couvrir ses besoins de trésorerie. À moyen terme, cela pourrait obliger le Cameroun à revoir sa stratégie d’émission en augmentant encore les taux offerts pour attirer davantage d’investisseurs. Par ailleurs, une hausse continue des taux d’intérêt alourdit le coût du financement de la dette publique. Le gouvernement devra donc trouver un équilibre entre offrir des rendements attractifs et éviter un endettement excessivement coûteux.
Face à cette situation, le Cameroun pourrait être contraint d’adapter sa politique d’émission de titres en revalorisant progressivement ses taux pour rester compétitif sur le marché. Une diversification des sources de financement, notamment via des emprunts concessionnels ou des financements multilatéraux, pourrait également être envisagée. Si la tendance actuelle se poursuit, le Trésor public camerounais devra redoubler d’efforts pour restaurer la confiance des investisseurs et garantir la stabilité de son financement à court terme.