Le 28 janvier 2025, le Cameroun a brillé par son absence à une audience cruciale devant la Cour d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris. Ce refus de comparaître s’inscrit dans le litige qui l’oppose à la société minière australienne Sundance Resources, laquelle réclame 5,5 milliards de dollars après la perte de son projet d’exploitation du gisement de fer de Mbalam-Nabeba.
L’audience du 28 janvier 2025, attendue depuis des mois, s’est tenue à Paris en présence des représentants de Sundance Resources, de ses avocats et d’experts indépendants. Pourtant, aucun représentant du Cameroun n’a répondu à l’appel. D’après un communiqué publié par la société australienne le 3 février, l’État camerounais n’a pas honoré le paiement de ses avocats et experts, entraînant son absence. Malgré cette défection, le Cameroun avait la possibilité d’assister aux débats et d’être informé des échanges. Le pays semble donc avoir délibérément choisi de ne pas participer, une stratégie qui soulève des questions sur ses intentions dans ce litige. La décision finale de la CCI n’est cependant pas attendue avant plusieurs mois.
Au cœur de cette bataille judiciaire se trouve le gisement de fer de Mbalam-Nabeba, situé à cheval entre le Cameroun et le Congo. Sundance Resources, qui détenait initialement les droits d’exploitation, accuse les deux États de lui avoir retiré le projet au profit de partenaires chinois. En 2022, la junior-minière australienne a saisi la CCI pour réclamer 5,5 milliards de dollars en compensation, soit 36 fois les investissements engagés lors des phases d’exploration, estimés à 94 milliards de FCFA.
Feu Gabriel Dodo Ndocké, ancien ministre camerounais des Mines, avait proposé un règlement de cette dette pour mettre fin à la procédure. Toutefois, la présidence camerounaise a rejeté cette option, privilégiant la voie de l’arbitrage.
Le projet Mbalam-Nabeba ambitionnait de transformer la région en un pôle stratégique du fer en Afrique centrale. Sundance Resources prévoyait une production annuelle de 40 millions de tonnes de minerai à enfournement direct sur 12 ans, avant une deuxième phase destinée à prolonger l’exploitation de plus de 15 ans avec du concentré d’itabirite hématite.
Ce bras de fer juridique pourrait compromettre l’avenir du projet et influencer les décisions des investisseurs internationaux. Reste à savoir si la stratégie de boycott du Cameroun lui sera favorable ou s’il devra, à terme, en payer le prix.