Lutte contre la fraude – 14,5 milliards FCFA récupérés auprès des fonctionnaires fantômes

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Le gouvernement camerounais a réussi à récupérer 14,5 milliards FCFA de salaires indûment perçus par des fonctionnaires fictifs. Une opération menée en collaboration avec les banques commerciales, qui fait suite au Comptage Physique des Personnels de l’État (COPPE) lancé en 2018. Bien que cette initiative ait permis de récupérer 94 % des fonds ciblés, elle met en lumière l’ampleur du phénomène des agents publics fantômes et la nécessité d’un contrôle renforcé.

L’État camerounais poursuit sa lutte contre la fraude au sein de la fonction publique. À la suite d’un vaste audit des effectifs, le ministère des Finances (Minfi) a récupéré 14,5 milliards de FCFA de salaires indûment perçus par des fonctionnaires absents ou fictifs. L’annonce a été faite le 28 janvier à Yaoundé par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, lors d’une rencontre avec le comité chargé de la récupération des soldes des comptes des agents fantômes. Cette somme a été recouvrée grâce au blocage de 3 360 comptes bancaires, dans le cadre d’une collaboration étroite avec les banques commerciales. « En juin 2023, j’ai émis des avis à tiers détenteur collectif auprès des établissements de crédit afin que ces fonds soient reversés au Trésor public », a déclaré le ministre.

Une fraude révélée par un recensement de masse

L’opération de recensement des fonctionnaires, lancée en 2018, a permis d’identifier des milliers d’agents percevant des salaires sans exercer effectivement leurs fonctions. Plus de 310 000 travailleurs avaient été ciblés pour vérification, entraînant la fermeture de nombreux comptes suspects. En février 2019, le gouvernement avait déjà suspendu les salaires de 15 254 agents soupçonnés d’être fictifs. Parmi eux, 12 546 comptes bancaires ont été identifiés comme encore actifs. Ces mesures visent à assainir les finances publiques et à limiter les pertes liées aux fraudes salariales.

Le montant initialement ciblé pour recouvrement était de 15,5 milliards FCFA. Avec les 14,5 milliards FCFA récupérés à ce jour, le taux de réalisation de l’opération atteint 94 %. Toutefois, des recours restent possibles pour les agents concernés, le Minfi ayant instruit les banques d’établir des attestations de reversements individuels pour tout fonctionnaire souhaitant contester les prélèvements effectués.

Des fraudes bancaires en série

Au-delà du phénomène des fonctionnaires fantômes, les banques commerciales ont également signalé des abus liés aux crédits contractés par des agents de l’État. Certains d’entre eux ouvraient plusieurs comptes bancaires pour obtenir des prêts qu’ils ne remboursaient jamais. Un cas extrême mentionne des individus ayant ouvert des comptes dans sept banques différentes avant de disparaître. Face à ces pratiques, le ministre des Finances a exhorté les établissements de crédit à renforcer leurs mécanismes de contrôle et à mettre en place des plateformes d’échange d’informations. Il a également souligné l’incohérence de voir les banques réclamer à l’État le remboursement de créances contractées par des fonctionnaires fictifs.

Un renforcement des contrôles pour limiter la fraude

Depuis 2022, le Cameroun a mis en place un système de contrôle physique des effectifs de la fonction publique à travers la « Campagne de Recensement Physique des Personnels de l’État » (COPPE). Cette initiative vise à éviter la réapparition de fraudes et à garantir que seuls les agents en poste perçoivent leurs salaires. Les autorités restent mobilisées pour renforcer la transparence dans la gestion des finances publiques. La collaboration entre le gouvernement et les banques commerciales sera essentielle pour prévenir de nouvelles irrégularités et garantir une meilleure traçabilité des flux financiers liés aux rémunérations publiques.

Si cette opération marque une avancée majeure, elle révèle également l’ampleur du phénomène des fonctionnaires fantômes au Cameroun et l’urgence d’un suivi rigoureux des effectifs de l’État.

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