La CEMAC et l’UEMOA, avec le soutien de la Banque mondiale, poursuivent l’harmonisation de leurs systèmes statistiques pour améliorer la qualité des données socio-économiques en Afrique de l’Ouest et du Centre. Un atelier, tenu du 27 au 31 janvier 2025 à Douala, vise à valider les outils du volet prix de l’Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages (EHCVM), essentielle pour la formulation de politiques publiques efficaces.
Douala accueille cette semaine un atelier crucial réunissant 24 experts des États membres de la CEMAC et de l’UEMOA, ainsi que des représentants de la Guinée, du Cap-Vert et de la Mauritanie. L’objectif : finaliser la méthodologie du volet prix de l’édition 2025-2026 de l’EHCVM, qui vise à produire des indicateurs précis sur les conditions de vie des ménages. Ce projet s’inscrit dans le cadre du Programme d’Harmonisation et d’Amélioration des Statistiques en Afrique de l’Ouest et du Centre (PHASAOC), soutenu par la Banque mondiale à hauteur de plus d’un milliard de dollars (environ 550 millions de FCFA). Ce programme fait suite au Programme d’Harmonisation des Enquêtes sur les Conditions de Vie des Ménages (PHECVM), lancé en 2016 avec les huit pays de l’UEMOA, et qui s’est progressivement étendu à 18 pays africains.
Des statistiques pour une meilleure gouvernance
L’enjeu est de taille : aligner les systèmes statistiques nationaux sur les standards internationaux afin d’assurer des prises de décisions basées sur des données fiables. « L’importance de disposer d’outils statistiques harmonisés et conformes aux standards internationaux est un corollaire de tout projet de développement », a souligné Baltasar Engonga Edjo’o, Président de la Commission CEMAC. L’atelier de Douala permet ainsi aux experts d’examiner et de valider les outils techniques relatifs au volet prix, notamment la couverture des produits et des zones géographiques, la méthodologie d’échantillonnage et le questionnaire d’enquête. Ces statistiques seront essentielles pour évaluer l’impact des politiques publiques sur la réduction de la pauvreté et des inégalités.
Une avancée majeure pour l’UEMOA
L’UEMOA a déjà franchi une étape décisive en adoptant, dès le 1er janvier 2025, une nouvelle méthodologie pour son Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC), conformément aux avancées internationales. Cette réforme, approuvée en décembre 2024 par le Conseil des ministres de l’UEMOA, illustre la volonté des États membres d’améliorer la qualité des données économiques et sociales. Grâce à cette harmonisation, les politiques économiques et sociales pourront être mieux adaptées aux réalités des populations. Prosper Romuald Backiny Yetna, économiste chargé de la statistique à la Banque mondiale, rappelle que « cette enquête vise principalement à produire des indicateurs sur la pauvreté monétaire et non monétaire, tels que l’éducation, l’emploi, l’accès à l’eau et à l’assainissement, la sécurité alimentaire et le logement ».
Une coopération stratégique renforcée
L’atelier de Douala s’inscrit dans un processus plus large de rapprochement entre la CEMAC et l’UEMOA en matière de production et de diffusion des statistiques. Mahamadou Gado, Commissaire du Département des Politiques Économiques et de la Fiscalité Intérieure de l’UEMOA, insiste sur l’importance de cette dynamique : « Cette activité réalisée en commun traduit la vigueur de la coopération stratégique entre nos deux commissions sœurs ».
À l’issue de cet atelier, la méthodologie du volet prix sera finalisée et la version régionale du questionnaire validée. Les Instituts Nationaux de la Statistique (INS) seront prêts à lancer les enquêtes pilotes dès octobre 2025, permettant ainsi aux États membres de disposer de données actualisées pour mieux orienter leurs politiques économiques et sociales. L’harmonisation des statistiques entre la CEMAC et l’UEMOA constitue un pas important vers une gouvernance plus efficace et une meilleure compréhension des dynamiques économiques et sociales en Afrique.