Après une flambée des prix du cacao en 2024, la Banque mondiale anticipe une baisse de 13 % en 2025 en raison d’une augmentation de l’offre mondiale. Le Cameroun, troisième producteur africain, pourrait être affecté par cette tendance. Entre défis et opportunités, les acteurs locaux cherchent des solutions pour maintenir la compétitivité du cacao camerounais.
Le marché du cacao a connu une envolée des prix en 2024, avec une augmentation de 30 % en décembre, portant le kilogramme à plus de 10 dollars (environ 6 240 FCFA). Toutefois, la Banque mondiale, dans son rapport Commodity Markets Outlook, prévoit une baisse de 13 % des cours en 2025, suivie d’un léger recul de 2 % en 2026. Cette baisse serait due à un surplus d’offre sur le marché mondial, notamment en provenance des deux plus grands producteurs mondiaux : la Côte d’Ivoire et le Ghana. Malgré cette prévision pessimiste, la Banque mondiale souligne que des facteurs climatiques pourraient inverser la tendance. Des conditions météorologiques défavorables en Afrique de l’Ouest, comme celles observées ces dernières années, pourraient réduire l’offre et soutenir les prix.
Le Cameroun sous l’influence du marché mondial
En tant que troisième producteur africain, le Cameroun n’échappe pas aux fluctuations du marché mondial. Selon une source au sein du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (Cicc), la tendance baissière annoncée pourrait affecter les prix locaux, bien que la filière nationale ait montré une certaine résilience. Lors de la campagne 2023-2024, les producteurs camerounais ont bénéficié de prix record, atteignant 6 300 FCFA/kg au pic de la saison, avec un minimum de 1 150 FCFA/kg. En ce début d’année 2024, les prix continuent d’afficher des niveaux élevés, atteignant 7 000 FCFA/kg en valeur FOB et 7 137 FCFA/kg en valeur CAF. Toutefois, une baisse de l’offre en Côte d’Ivoire et au Ghana ayant impacté le marché en 2023-2024, une reprise de la production dans ces pays pourrait faire pression sur les prix et impacter les revenus des producteurs camerounais.
Miser sur la qualité pour limiter les impacts
Face à cette perspective, les acteurs du secteur cacaoyer camerounais doivent redoubler d’efforts pour maintenir la compétitivité du cacao national. L’amélioration de la qualité est un levier essentiel pour se démarquer sur le marché mondial. Le cacao camerounais, classé grade 1, bénéficie de procédures de labellisation en cours, ce qui pourrait lui permettre d’accéder à des segments plus rémunérateurs. « Les producteurs doivent adopter des pratiques agricoles durables et explorer de nouveaux marchés afin de mieux résister aux fluctuations des cours mondiaux », explique un expert du secteur. La diversification des débouchés et l’amélioration des standards de production pourraient permettre au Cameroun de mieux valoriser son cacao malgré les incertitudes économiques.
Une filière stratégique pour l’économie nationale
Le cacao est l’une des principales cultures de rente du Cameroun. Lors de la campagne 2023-2024, le pays a exporté près de 197 000 tonnes de cacao sur une production commercialisée de 267 000 tonnes. Ces performances soulignent l’importance stratégique de la filière pour l’économie nationale et les revenus des agriculteurs. Alors que la tendance des prix pourrait s’inverser en 2025, le défi pour le Cameroun sera de tirer parti de la montée en gamme de son cacao afin de préserver les revenus des producteurs et d’assurer la stabilité du secteur.