Filières cacao et café – Booster la transformation et la consommation locales

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Avec la signature, le 14 janvier 2025, d’un décret par le président Paul Biya, le Fonds de développement des filières cacao et café (FODECC) entre dans une nouvelle ère. Samuel Donatien Nengue, administrateur de cette structure, revient sur les réformes majeures introduites, les missions élargies et les perspectives pour la modernisation des filières.

Le décret signé le 14 janvier 2025 marque un tournant décisif dans la structuration du FODECC. Créé en 2006, le Fonds fonctionnait jusqu’ici selon un modèle paritaire, associant les secteurs public et privé, avec un comité de gestion à sa tête. Désormais, un Conseil d’administration prend les commandes, conformément à la loi de 2017 régissant les établissements publics au Cameroun. « Cette mise en conformité apporte plus de rigueur et d’efficacité, notamment grâce à l’élargissement des missions du Fonds et au renforcement des instruments de gestion », explique Samuel Donatien Nengue. Avec un nouveau cadre de surveillance et de contrôle, incluant des audits réguliers et une comptabilité rigoureuse, le FODECC s’aligne sur les standards modernes de gestion.

Des moyens accrus pour des missions élargies

L’une des grandes innovations du décret est l’autorisation accordée au FODECC pour financer des « opérations spéciales » sous l’autorité du président de la République. Ces nouvelles prérogatives visent à répondre aux besoins croissants des filières, notamment en matière de transformation et de consommation locales du cacao et du café. « Le décret confère au Fonds les moyens d’intervenir efficacement pour soutenir la production, la transformation et la promotion des produits locaux », affirme l’administrateur. Trois guichets de financement ont ainsi été mis en place : un pour les producteurs, un pour les collectivités, et un dernier pour accompagner la transition agroécologique.

Booster la transformation et la consommation locales

Le FODECC ambitionne de renforcer le tissu industriel local en soutenant les unités de transformation post-récolte et en vulgarisant les produits locaux. « Le Made in Cameroon doit s’imposer sur le marché intérieur et conquérir la Zone de libre-échange continentale africaine », insiste Samuel Donatien Nengue. Cette stratégie repose sur une collaboration étroite entre le ministère du Commerce, le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, ainsi que d’autres acteurs des filières. « Nous ne travaillons pas seuls. Notre rôle est de mobiliser et sécuriser les financements pour les projets stratégiques », précise-t-il.

Soutenir la recherche et la qualité

Parmi les missions élargies du FODECC figure également le soutien à la recherche et à l’amélioration des rendements. Des projets pilotés par le ministère de la Recherche scientifique visent à diffuser des variétés de cacao et de café plus productives et résistantes aux changements climatiques. « Ces nouvelles variétés permettent de densifier les parcelles existantes et d’accroître les récoltes sans devoir étendre les surfaces cultivées », explique Samuel Donatien Nengue. Des formations et des campagnes de sensibilisation sont également prévues pour accompagner les producteurs dans cette transition.

Une satisfaction mesurée des producteurs

Depuis la création d’un guichet dédié aux producteurs, les retours sont positifs. Les aides, désormais directes, arrivent dans des délais raisonnables. « Les producteurs sont satisfaits, mais il reste beaucoup à faire pour atteindre tous ceux qui en ont besoin », concède l’administrateur. Avec environ 360 000 producteurs enregistrés, contre un potentiel estimé à un million, le défi reste immense. Cependant, le mécanisme d’appui mis en place est conçu pour être progressif et autosuffisant. « L’objectif est d’amener les producteurs à se prendre en charge en montrant l’impact direct des interventions sur leurs rendements et leurs revenus », souligne-t-il.

Le café, un enjeu stratégique

Si le cacao reste la priorité, la relance de la filière café est également au cœur des préoccupations. Grâce à un projet financé par le FODECC, des variétés de café de haute qualité sont progressivement réintroduites dans les bassins de production. « Nous espérons retrouver le prestige du café camerounais, qui atteignait autrefois 135 000 tonnes par an », déclare Samuel Donatien Nengue. Avec les mécanismes renforcés et les financements additionnels, l’objectif est de redonner à cette filière ses lettres de noblesse d’ici 2035.

Une vision pour l’avenir

En modernisant le FODECC, le président de la République offre aux filières cacao et café un outil puissant pour relever les défis de la production, de la transformation et de la commercialisation. L’objectif est ambitieux : atteindre 640 000 tonnes de cacao à l’horizon 2035 et repositionner le café camerounais sur le marché mondial. Pour Samuel Donatien Nengue, « le défi est de maintenir cette dynamique vertueuse en mobilisant tous les acteurs, afin de bâtir une filière durable et compétitive, au service des producteurs et de l’économie nationale ».

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