Lors de la 11ème édition du Forum Douane-Entreprises, le Cameroun s’est penché sur le thème central : « Les défis de la transformation structurelle de l’économie ». Une analyse approfondie des enjeux, des outils déployés et des défis persistants révèle un processus encore lent, marqué par des résultats mitigés et une gouvernance à renforcer.
Face à une économie globalement résiliente mais en quête de dynamisme, la transformation structurelle s’impose comme une stratégie clé pour le Cameroun. Elle se définit comme un processus global visant à diversifier l’économie et à accroître la productivité, tout en favorisant le développement industriel. Pour y parvenir, le Cameroun a adopté la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30), axée sur l’import-substitution, l’amélioration des infrastructures, et la modernisation de secteurs comme l’énergie, l’agro-industrie et les services numériques. Les outils déployés incluent des mesures incitatives telles que l’exonération fiscale sur les investissements, la numérisation des procédures administratives et le soutien à certaines filières prioritaires. En réduisant la dépendance aux importations, le pays ambitionne de relancer sa production locale et de réduire le déficit de sa balance commerciale.
Un contexte national et international complexe
La mise en œuvre de cette transformation structurelle intervient dans un contexte marqué par des défis majeurs : Crises sécuritaires et sociales : Les tensions dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ainsi que les menaces terroristes dans l’Extrême-Nord, continuent de peser sur l’économie.
Conflits internationaux : La pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont perturbé les chaînes logistiques mondiales et exacerbé les pressions inflationnistes.
Accords de Partenariat Économique (APE) : Ces accords favorisent l’accès des produits européens au marché camerounais, mais la faiblesse de l’industrie locale compromet les opportunités d’exportation. Ces éléments fragilisent les ambitions du Cameroun, rendant la transformation économique plus complexe à réaliser.
Résultats mitigés : Une croissance ralentie
Malgré les réformes engagées, les indicateurs macroéconomiques traduisent une performance limitée. En 2024, la croissance du PIB réel a reculé à 3,2 %, contre 3,7 % en 2023, tandis que l’inflation reste élevée à 5,1 %. Si le secteur tertiaire affiche une contribution en hausse, les secteurs primaire et secondaire continuent de stagner. Le ratio dette/PIB, passé à 36,8 % en 2019, fragilise également l’économie. Les transferts illicites de fonds et une gouvernance économique encore déficiente exacerbent les risques, menaçant les réserves de change de la CEMAC et la stabilité monétaire.
Recommandations pour un avenir durable
Pour que la transformation structurelle porte ses fruits, plusieurs mesures s’imposent :
1.Renforcer la gouvernance économique : La lutte contre les transferts illicites et la fraude douanière est prioritaire pour préserver les réserves de change.
2.Accélérer l’industrialisation : Les autorités doivent multiplier les incitations à l’investissement local et simplifier davantage les procédures.
3.Diversifier les chaînes de valeur : La transformation des ressources locales et l’intégration régionale sont essentielles pour bâtir une économie plus résiliente.
4.Moderniser les infrastructures : L’accès à l’énergie, au transport et à la technologie doit être renforcé pour attirer des investissements stratégiques.
Une route semée d’embûches mais prometteuse
La transformation structurelle est un défi de taille, mais elle demeure indispensable pour l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035. En s’appuyant sur des réformes courageuses et une gouvernance plus rigoureuse, le pays peut espérer bâtir une économie plus inclusive, durable et compétitive sur la scène internationale.