Le Cameroun traverse une crise énergétique sans précédent, marquée par une baisse drastique de la production hydroélectrique et l’arrêt prolongé des centrales à gaz et à fuel. Alors que le gouvernement appelle à des mesures d’urgence, la population et les entreprises subissent déjà les effets d’un déficit énergétique alarmant.
Depuis septembre 2024, le Cameroun fait face à une grave crise énergétique. Les centrales à gaz de Kribi et à fuel de Douala, gérées par Globeleq, sont à l’arrêt, privant le réseau de 300 MW en raison d’une dette de 8 milliards de FCFA impayée par le distributeur Eneo. Parallèlement, les centrales hydroélectriques de Songloulou et d’Edéa enregistrent une baisse de production estimée à 70 MW, attribuée à un faible remplissage des barrages lors de la saison des pluies de 2024. Selon le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, cette situation est aggravée par un déficit hydrologique de plus de 2 milliards de mètres cubes d’eau par rapport à 2023. Ce phénomène, conséquence directe des changements climatiques, entraîne une baisse historique du débit des rivières, compliquant davantage la gestion des infrastructures hydroélectriques.
Des infrastructures sous-performantes
Le barrage de Memve’ele, conçu pour produire 211 MW, peine à fournir 35 MW en raison de l’absence d’un réservoir d’eau en amont. De même, le barrage de Mekin, dans le Sud, est hors service depuis un an. L’infrastructure de Nachtigal, d’une capacité de 420 MW, initialement prévue pour une mise en service progressive dès juin 2024, accuse un retard en raison de l’inadaptation du réseau de transport et d’autres contraintes techniques.
Les impacts sur les ménages et les entreprises
Cette crise énergétique impacte lourdement les ménages et les entreprises des sept régions desservies par le Réseau interconnecté Sud. Les coupures de courant répétées perturbent les activités économiques, tandis que le gouvernement appelle les industries à réduire leur consommation en recourant à des groupes électrogènes. Cette solution, coûteuse pour les entreprises, suscite peu d’adhésion en raison de l’impossibilité de répercuter les surcoûts sur les produits finaux.
Mesures d’urgence en cours
Face à l’urgence, le ministre de l’Énergie a annoncé l’optimisation des centrales existantes et un renforcement de l’approvisionnement en combustibles pour les centrales thermiques. Les négociations se poursuivent entre le gouvernement, Eneo, et Globeleq pour régler la dette et relancer les centrales à gaz de Kribi et de Dibamba. Cependant, un retour à la normale dépendra également de l’amélioration des conditions hydrologiques, avec le retour espéré des pluies d’ici fin mars.
Une crise aux origines profondes
Au-delà des facteurs immédiats, cette crise met en lumière des dysfonctionnements structurels, notamment le manque d’investissement dans les infrastructures électriques et l’incapacité à anticiper les impacts du changement climatique. La situation actuelle souligne l’urgence pour le Cameroun de diversifier ses sources d’énergie et de moderniser son réseau pour garantir une offre durable.
Avec un déficit énergétique qui pourrait dépasser 400 MW dans les semaines à venir, le Cameroun s’apprête à affronter une période particulièrement critique. Si des solutions temporaires sont mises en œuvre, seule une véritable refonte du système énergétique pourra éviter de nouvelles crises à l’avenir.