En retard dans la publication de son rapport d’activités 2022, le Cameroun sollicite un délai supplémentaire auprès de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Ce retard soulève des inquiétudes sur la gestion des ressources naturelles et pourrait fragiliser l’attractivité du pays auprès des investisseurs.
Le Cameroun est à nouveau dans le viseur de l’ITIE. Dans une lettre adressée à Helen Clark, présidente de l’Initiative, le ministre des Mines, Fuh Calistus Gentry, a demandé un délai jusqu’au 7 mars 2025 pour publier le rapport d’activités 2022. Initialement attendu pour le 31 décembre 2024, ce document est essentiel pour évaluer la transparence et la gouvernance dans les industries extractives du pays. Le ministre justifie ce report par les retards accumulés dans la constitution du comité national ITIE, notamment la désignation des 12 représentants de la société civile. Ces délais auraient freiné la collecte des données nécessaires à l’élaboration du rapport. « Le comité tient à respecter la Norme ITIE 2023 et à garantir la qualité du rapport », a précisé Fuh Calistus Gentry.
Des inquiétudes sur la gestion des ressources
Ce retard n’est pas sans conséquences. Certains experts, à l’instar de Dr Bareja Youmsi, voient dans cette situation un signe de gestion opaque des ressources naturelles. « Le gouvernement peine à associer la société civile, ce qui reflète un manque de volonté politique », affirme-t-il. Cette observation intervient alors que le Cameroun mise sur des projets d’envergure comme le fer de Mbalam-Nabeba et la bauxite de Minim-Martap pour stimuler son économie. Malgré ces ambitions, la contribution des industries extractives au budget national reste limitée, représentant moins de 5 % à moyen terme. Le retard dans la publication du rapport ITIE 2022 s’ajoute à d’autres critiques, comme celles soulevées dans l’affaire Glencore, qui a révélé des pratiques douteuses dans le secteur.
Un risque d’exclusion aux lourdes conséquences
Si le Cameroun ne parvient pas à respecter ses engagements envers l’ITIE, il pourrait être radié à l’horizon 2027. Une telle exclusion serait un coup dur pour l’attractivité du pays. « Les investisseurs privilégient les pays transparents et respectueux des normes internationales », souligne Dr Bareja Youmsi. De plus, la radiation compromettrait les relations du Cameroun avec ses partenaires financiers comme la Banque mondiale et le FMI. Selon Henri Njoh Manga Bell, président de Transparency International Cameroun, ce retard est « fort dommageable » et renforce la méfiance des investisseurs étrangers.
La transparence, un enjeu stratégique
Le Cameroun, dont les industries extractives représentaient 3,93 % du PIB en 2021, ne peut se permettre de perdre la certification ITIE. Au-delà des impératifs économiques, cette situation interroge sur la capacité du pays à assurer une gouvernance transparente dans un secteur clé pour son développement. Face aux enjeux, les autorités camerounaises doivent agir rapidement pour redresser la situation et éviter une nouvelle crise de confiance. Le 7 mars 2025 représente désormais une échéance cruciale pour l’avenir du Cameroun au sein de l’ITIE.