Projet SWEDD – La Banque mondiale met un terme pour résultats insatisfaisants

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Après seulement deux ans de mise en œuvre, la Banque mondiale met fin au Projet pour l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel (Swedd) au Cameroun. Faible niveau de décaissement, mauvaise gestion et inefficacité opérationnelle sont autant de raisons ayant conduit à cette décision.

Lancé officiellement en février 2022, le projet Swedd avait pour ambition de promouvoir l’autonomisation des femmes et le développement démographique dans les trois régions septentrionales du Cameroun : Adamaoua, Nord et Extrême-Nord. Doté d’un financement conséquent de 75 millions de dollars (plus de 45 milliards de FCFA), il n’a pourtant pas atteint ses objectifs. À la date de février 2024, seuls 5,7 millions de dollars avaient été décaissés, soit un maigre taux de décaissement de 8,3 %. Cette lenteur dans la consommation des crédits a été jugée « insatisfaisante » par la Banque mondiale. Une mission d’évaluation menée du 16 au 23 février 2024 a révélé que le projet n’avait pas su impacter positivement les populations ciblées, notamment les femmes des régions du Grand-Nord.

Une gestion décriée et des résultats peu concluants

Le management du projet, sous la direction d’Alphonse Glory Mbah Ngami, a été particulièrement critiqué. Parmi les 16 pays africains bénéficiant du projet Swedd, l’équipe camerounaise se distingue par son effectif pléthorique, entraînant un alourdissement des coûts de fonctionnement et une baisse de l’efficacité opérationnelle. Malgré quelques avancées, comme la formation des sages-femmes, la plupart des indicateurs de performance restent au rouge. Plusieurs engagements financiers, tels que l’achat de véhicules pour des campagnes de sensibilisation ou l’acquisition de matériel informatique pour équiper les écoles de formation, n’ont pas été honorés. Cette situation a engendré des retards dans l’exécution des activités prévues, alimentant les frustrations parmi les parties prenantes, notamment les enseignants, qui se plaignent de n’avoir jamais été rémunérés.

Une période de grâce pour sauver les meubles

Face à cette débâcle, la Banque mondiale a décidé de clôturer le projet le 31 décembre 2024. Une période de grâce de quatre mois, jusqu’au 30 avril 2025, a été accordée pour permettre le paiement des dépenses éligibles. Cependant, toute dépense non réglée durant cette période sera à la charge du gouvernement camerounais. En attendant, le gouvernement devra financer les dépenses de fonctionnement, une tâche qui pourrait s’avérer coûteuse pour les finances publiques.

Un projet mal engagé dès le départ

L’accord de financement du projet Swedd au Cameroun a été signé en octobre 2021, avec un démarrage effectif en février 2022, soit près de deux ans après l’annonce initiale. Ces retards, liés à la « maturité des crédits », ont donné le ton à une mise en œuvre laborieuse. Implémenté depuis 2015 dans plusieurs pays d’Afrique, le projet Swedd a connu un certain succès ailleurs, mais son expérience camerounaise illustre les défis de la gestion des projets de développement dans des contextes institutionnels fragiles.

Une leçon pour les projets futurs

La fin anticipée du projet Swedd soulève des questions sur la gestion des ressources externes et la capacité du Cameroun à mener à bien des initiatives internationales. Cet échec pourrait servir de leçon pour une meilleure planification et exécution des projets futurs, afin d’assurer un réel impact sur les populations bénéficiaires.

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