Alors que le Cameroun s’apprête à lancer la phase opérationnelle de son projet de digitalisation des dépenses publiques en 2022, le Groupement interbancaire monétique de l’Afrique centrale (Gimac) se positionne comme un acteur clé. En collaboration avec les six pays de la Cemac, le Gimac accompagne la modernisation des Trésors publics à travers des solutions de paiement et d’encaissement sécurisées et interopérables.
Depuis 2020, le Cameroun, via le ministère des Finances (Minfi), travaille sur un ambitieux projet de digitalisation des paiements publics. L’objectif est clair : doter les agents publics de cartes Gimac permettant retraits et paiements, avant d’étendre la démarche à la digitalisation des encaissements et dépenses. Le lancement officiel des travaux s’est tenu en juillet 2021 à Ebolowa, marqué par la mise en place d’équipes dédiées et des ateliers techniques. Malgré des retards liés à la nécessité de préparer le cadre administratif et juridique, les mises à niveau des systèmes d’information sont en cours. Selon Valentin Mbozo’o, directeur général du Gimac, la mise en production est prévue pour les premiers mois de 2022.
Retards et défis : des étapes nécessaires pour une implémentation réussie
Une formation approfondie des équipes du Trésor camerounais et d’autres entités du Minfi avait été menée dès août 2020. Pourtant, des ajustements administratifs et infrastructurels ont prolongé les délais. « Les décisions pour un projet de cette envergure prennent du temps », explique Valentin Mbozo’o, tout en saluant la mobilisation des équipes du Trésor, qui ont démontré la pertinence de ce projet innovant. Ce projet, qui introduit des outils modernes et transparents pour la gestion des finances publiques, s’aligne sur les recommandations du Comité ministériel de l’Umac (avril 2020).
Des opportunités pour les autres pays de la Cemac
Le Cameroun n’est pas seul dans cette transformation. Le Gimac travaille avec les administrations du Trésor de tous les pays de la Cemac pour accompagner leur transition vers une architecture monétique intégrale. Au Gabon, le Trésor Public est en discussion pour remplacer une plateforme vieillissante par une solution intégrée alliant cartes, mobiles et transferts d’argent. En Centrafrique, l’accent est mis sur le paiement des primes au personnel de sécurité via des comptes mobiles virtuels. Au Congo, le Gimac propose une simplification de l’architecture du système e-Tax.
Les discussions se poursuivent également avec la Guinée Équatoriale et le Tchad. Valentin Mbozo’o exprime son optimisme : « La mise en œuvre au Cameroun servira de modèle pour les autres Trésors publics de la Cemac. »
Un écosystème monétique en pleine expansion dans la Cemac
La crise de la Covid-19 a accéléré la transition vers des paiements sans cash dans la sous-région. En 2021, le Gimac a enregistré près de neuf millions de transactions pour un montant global de 350 milliards de Fcfa, soit une hausse de 300 % en volume et 250 % en valeur. L’interopérabilité des systèmes de paiement et l’émergence de Fintechs contribuent à cette transformation. Sous la supervision de la Banque des États de l’Afrique Centrale (Beac), le Gimac continue d’élargir son écosystème à travers des participants variés : banques, microfinances, opérateurs de monnaie mobile et agrégateurs.
Perspectives prometteuses pour 2022 et au-delà
Avec la digitalisation des Trésors publics et le développement des solutions monétiques, la Cemac s’engage sur la voie d’une modernisation accrue de ses finances publiques. La collaboration avec le Gimac permettra aux États de renforcer la transparence et l’efficacité de leurs opérations. Alors que le Cameroun s’apprête à déployer ce projet innovant, il pourrait devenir une référence pour l’ensemble des pays de la sous-région, ouvrant la voie à une véritable révolution numérique des finances publiques.