La loi de finances 2025 du Cameroun instaure une nouvelle taxe de 5 % sur les honoraires perçus par les consultants individuels et experts étrangers. Ce prélèvement, collecté par les employeurs, vise à accroître les recettes non fiscales. Cependant, les défis liés à la mobilisation des ressources persistent, comme l’ont montré des mesures similaires par le passé.
La loi de finances du Cameroun pour l’exercice 2025 marque un tournant dans la gestion des revenus des travailleurs étrangers. Elle impose des « frais de visa par an de 5 % du montant des honoraires » aux consultants individuels et experts non Camerounais, en échange de leurs prestations. L’objectif affiché est de contribuer à l’augmentation des recettes non fiscales, qui devraient atteindre 361,1 milliards de FCFA en 2025, contre 331 milliards de FCFA en 2024.
Concrètement, les employeurs doivent collecter cette taxe avant que le visa de travail ne soit apposé par le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Les employeurs récalcitrants risquent une pénalité équivalente à 5 % des honoraires de l’expert en infraction, voire le double en cas de situation irrégulière.
Cependant, cette mesure soulève des doutes quant à son efficacité, au regard d’expériences similaires passées. En 2023, une disposition imposait aux travailleurs étrangers non africains de payer l’équivalent de deux mois de salaire brut pour leur visa de travail. Malgré un objectif de 14 milliards de FCFA, seuls 5 milliards de FCFA ont été collectés. Le ministre de l’Emploi, Issa Tchiroma Bakary, a reconnu des lacunes structurelles ayant limité la réussite de cette initiative. « Nous n’avions pas de fichier national des étrangers résidant au Cameroun. C’est une anomalie que nous corrigeons en mettant en place une base de données avec un expert pour identifier leur nombre, origine, et rémunération », a-t-il déclaré en janvier 2024.
Pour 2024, la projection de recettes liées à cette mesure s’élevait à 20 milliards de FCFA. Cependant, les résultats restent flous, et aucun chiffre officiel sur les sommes collectées n’a été dévoilé. Le gouvernement ambitionne de renforcer la formation professionnelle grâce à ces recettes, notamment en modernisant 288 centres artisanaux en centres de formation aux métiers modernes.
Le défi principal demeure : mobiliser efficacement les ressources attendues. La réussite de cette nouvelle taxe dépendra de la mise en place de mécanismes rigoureux pour assurer sa collecte et son suivi. L’enjeu est de taille pour un pays en quête d’optimisation de ses finances publiques et d’une meilleure gestion de la main-d’œuvre étrangère.