En 2023, Alucam, fleuron de l’industrie de l’aluminium au Cameroun, a enregistré une perte colossale de 23,6 milliards de FCFA, aggravant une situation financière déjà critique. Alors que ses exportations continuent de générer des revenus significatifs, les défis structurels persistants menacent sa survie.
La Compagnie camerounaise de l’aluminium (Alucam), unique producteur d’aluminium dans la zone Cemac, a bouclé l’année 2023 avec une perte record de 23,6 milliards de FCFA. Ce chiffre représente une hausse vertigineuse de 237,14 % par rapport aux 7 milliards de FCFA de pertes enregistrées en 2022. Désormais, les capitaux propres de l’entreprise sont dans le négatif, atteignant -28,3 milliards de FCFA, une situation qui expose la société à des risques juridiques et opérationnels.
Malgré ces difficultés, les exportations d’aluminium ont généré des revenus considérables. En 2023, le Cameroun a exporté 43 916 tonnes d’aluminium pour un montant de 54,2 milliards de FCFA, selon l’Institut national de la statistique (INS). Cependant, ces performances commerciales n’ont pas suffi à compenser les pertes cumulées et les dysfonctionnements structurels.
Les difficultés d’Alucam ne datent pas d’hier. Depuis 2019, les pertes accumulées ont réduit les capitaux propres de l’entreprise en dessous des seuils réglementaires prévus par l’Acte Uniforme Ohada. En 2020, une assemblée générale extraordinaire avait été convoquée pour statuer sur une éventuelle dissolution ou reconstitution des fonds propres. Cependant, aucune solution durable n’a été mise en œuvre.
Malgré un écart de réévaluation de 11 milliards de FCFA en 2022, les pertes cumulées ont continué de creuser le déficit. Les délais impartis pour reconstituer les capitaux propres à hauteur d’au moins la moitié du capital social ont expiré, exposant désormais Alucam à des poursuites pour dissolution par tout tiers intéressé.
Pour éviter la faillite, des négociations avaient été engagées avec des partenaires tels que le Fonds international pour la conservation de la nature tropicale (ITCF), la Banque publique d’investissement (BPI), et le groupe financier franco-allemand BHF. Ces discussions, initiées dès 2021, visaient une recapitalisation de l’entreprise, mais aucune avancée notable n’a été communiquée à ce jour.
Face à cette situation critique, il devient urgent pour le gouvernement de mettre en place des réformes structurelles et de conclure des partenariats stratégiques pour sauver ce géant industriel. Une liquidation de l’entreprise serait un coup dur non seulement pour le secteur industriel camerounais, mais aussi pour l’économie sous-régionale.
Alucam se trouve à un carrefour décisif. Si des mesures drastiques ne sont pas prises rapidement, le Cameroun risque de perdre un acteur stratégique de son économie. Les défis sont immenses, mais des solutions existent, à condition que la volonté politique et les engagements financiers soient à la hauteur des enjeux.