Relance de l’agro-industrie – Le gouvernement en quête de financements pour booster les grandes entreprises agro-industrielles

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Face à la baisse de production et aux difficultés structurelles de ses principales entreprises agro-industrielles, le Cameroun engage des négociations avec des partenaires financiers pour relancer la Sodecoton, la Semry, la CDC et Pamol Plantations. Ces mesures visent à renforcer leur compétitivité et à réduire la dépendance aux importations.

Lors de son intervention devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale en décembre 2024, Paul Tasong, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, a révélé que des concertations sont en cours avec des partenaires au développement. L’objectif est de revitaliser les capacités de production de quatre grandes entreprises agro-industrielles : la Société de développement du coton (Sodecoton), la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), la Cameroon Development Corporation (CDC) et Pamol Plantations.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Projet intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah). Toutefois, l’identité des partenaires financiers demeure confidentielle pour l’instant.

Sodecoton : un programme ambitieux d’expansion

Acteur clé de l’agriculture dans le nord du Cameroun, la Sodecoton encadre environ 200 000 producteurs et représente une part majeure du secteur cotonnier. Avec l’État détenant 59 % de son capital, elle ambitionne de produire 600 000 tonnes de coton d’ici 2030, contre 350 000 actuellement. Ce plan repose sur des investissements significatifs : construction d’un 11ᵉ site d’égrenage, installation d’une nouvelle huilerie, et construction de magasins de stockage. L’entreprise espère ainsi augmenter sa compétitivité sur le marché local et international.

Pamol et CDC : les ravages de la crise anglophone

Dans le Sud-Ouest du pays, Pamol Plantations et la CDC font face à des défis majeurs en raison de la crise sociopolitique qui affecte les régions anglophones depuis 2016. Pamol, spécialisée dans la production d’huile de palme, accuse une perte cumulée de 40 milliards de FCFA. Ses activités ont été paralysées par les affrontements entre l’armée et les militants séparatistes. Le programme de relance de l’entreprise, qui prévoit notamment l’installation d’une unité de production d’huile de palme d’une capacité de 30 tonnes par heure et l’extension de ses plantations, est au point mort.

La CDC, deuxième employeur du pays après l’administration publique, a également subi de lourdes pertes, estimées à 38,7 milliards de FCFA entre 2019 et 2021. Elle doit encore rattraper 35 milliards de FCFA d’arriérés de salaires et 26,7 milliards de dettes sociales envers la CNPS. Bien que ses activités aient repris en 2020, l’entreprise peine à retrouver son niveau d’avant-crise.

Semry : un potentiel sous-exploité

Dans le nord du pays, la Semry, qui encadre environ 20 000 riziculteurs, produit à peine 100 000 tonnes de riz par an. Cela reste insuffisant face aux 800 000 tonnes de riz importées par le Cameroun. Pour combler cet écart, l’entreprise mise sur le Projet d’aménagement et de valorisation des investissements de la vallée du Logone (Viva Logone), financé par la Banque mondiale. Elle vise une production de 180 000 tonnes de riz en 2024. Cependant, ce bond qualitatif nécessite un appui continu du ministère de l’Agriculture et des moyens techniques et financiers supplémentaires.

Un défi stratégique pour l’économie nationale

Les négociations en cours avec les partenaires financiers constituent une étape cruciale pour revitaliser ces entreprises publiques essentielles. La relance de leur production permettrait non seulement de réduire les importations de produits agro-industriels, mais aussi de préserver et de créer des emplois dans les régions les plus affectées. Toutefois, le succès de ces initiatives dépendra de la capacité du gouvernement à mobiliser des fonds et à assurer une gestion rigoureuse des ressources allouées. En misant sur ces entreprises, le Cameroun espère consolider son indépendance économique et offrir de meilleures perspectives à ses agriculteurs et ouvriers.

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