Le projet de réhabilitation de la Sonara, gravement affectée par l’incendie de 2019, entre dans une nouvelle phase. Le gouvernement camerounais, avec le soutien du FMI, examine la faisabilité de l’intégration d’une unité d’hydrocraquage dans cette raffinerie vitale pour l’industrie pétrolière du pays.
La réhabilitation de la Société nationale de raffinage (Sonara), l’une des pierres angulaires de l’industrie pétrolière du Cameroun, est désormais un dossier de priorité nationale. Depuis l’incendie dévastateur qui a frappé ses installations en 2019, les autorités camerounaises ont mis en place un programme ambitieux pour remettre la raffinerie sur pied et la moderniser. Le projet est désormais à la troisième étape, qui consiste en l’évaluation technico-économique et financière de l’intégration d’une unité d’hydrocraquage à la future raffinerie. Cette nouvelle phase a été mise en lumière lors des discussions budgétaires parlementaires du mois de décembre 2024, lorsque le Premier ministre Joseph Dion Ngute a révélé les grandes lignes du Programme économique et financier pour 2025. Parmi les actions prioritaires, figurent les études technico-économiques et financières relatives à la réhabilitation de la Sonara, dont l’une des options est l’intégration d’une raffinerie complexe avec une unité d’hydrocraquage.
L’hydrocraquage : un levier stratégique
L’ajout de cette unité d’hydrocraquage pourrait permettre à la Sonara de diversifier ses capacités de raffinage en traitant des produits pétroliers plus lourds et en améliorant la production de carburants de qualité. Cette technologie permet de transformer des huiles brutes lourdes en produits plus légers, augmentant ainsi la rentabilité de la raffinerie tout en répondant mieux à la demande interne de produits pétroliers. Le rapport du FMI, publié en novembre 2024, a confirmé que les études de faisabilité sont en cours et qu’un plan de restructuration a déjà été validé par les autorités compétentes.
Le projet de réhabilitation de la Sonara inclut également une refonte complète de l’infrastructure et de la capacité de production, visant à augmenter l’autosuffisance du Cameroun en produits pétroliers, réduisant ainsi la dépendance aux importations qui s’élève actuellement à 1,6 million de tonnes métriques de produits pétroliers en 2024. Ce besoin de réhabilitation s’inscrit dans un contexte de crise énergétique, marquée par une facture énergétique élevée.
La lourde dette de la Sonara
Malgré les espoirs suscités par ces réformes, la Sonara demeure confrontée à une situation financière très délicate. En 2020, une taxe sur les produits pétroliers a été instaurée pour financer le remboursement de la dette colossale de l’entreprise, estimée à 1 000 milliards de FCFA. Cette taxe, fixée à 47,8 FCFA par litre de carburant vendu, a permis de collecter 353 milliards de FCFA au 31 octobre 2024. Bien que ce mécanisme ait permis de réduire certaines dettes, notamment envers le trader suisse Trafigura, il reste insuffisant pour éponger l’ampleur du passif de la Sonara, prévu pour être remboursé sur une période de dix ans.
Un enjeu pour la souveraineté énergétique
La réhabilitation de la Sonara s’avère essentielle pour la souveraineté énergétique du Cameroun. L’achèvement des travaux de réhabilitation et l’intégration de nouvelles technologies de raffinage devraient permettre au pays de réduire sa dépendance aux importations, tout en diminuant les coûts liés aux produits pétroliers. Dans ce contexte, le soutien international, notamment du FMI, et les mesures internes pour assainir les finances de la Sonara, sont des éléments clés pour assurer le succès du projet.
Les autorités camerounaises, tout en poursuivant leurs efforts de réhabilitation, doivent donc gérer simultanément un dossier financier complexe tout en mettant en œuvre des solutions durables pour renforcer leur secteur énergétique et pétrolier.
Si le projet de réhabilitation de la Sonara semble sur la bonne voie avec des études en cours et un plan de restructuration validé, la situation financière de l’entreprise reste un défi majeur. L’intégration d’une unité d’hydrocraquage pourrait offrir un relais de croissance, mais son succès dépendra largement de la gestion efficace de la dette et de la concrétisation des projets d’investissement dans l’infrastructure de raffinage. Le Cameroun doit ainsi concilier urgence énergétique et redressement économique pour relancer une Sonara en pleine reconquête.