Agriculture et import-substitution – 400 000 hectares sécurisés pour doper la production agricole locale

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Pour répondre à la forte dépendance alimentaire du Cameroun vis-à-vis des importations, le gouvernement a lancé un vaste projet de sécurisation foncière de 400 000 hectares sur le corridor Yoko-Lena-Tibati. Objectif : stimuler la production locale de cultures vivrières et réduire la facture des importations de céréales.

Le gouvernement camerounais passe à l’offensive face aux défis alimentaires. Dans le cadre du Projet intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah), 200 000 hectares de terres ont été sécurisés sur le corridor Yoko-Lena-Tibati, s’étendant entre les régions du Centre et de l’Adamaoua. D’après le ministre délégué Paul Tasong, 200 000 hectares supplémentaires sont en cours de sécurisation, portant à 400 000 hectares la surface mobilisée pour attirer les investisseurs privés dans l’agriculture.

Cette initiative vise à augmenter significativement la production locale de riz, de maïs et de blé, des denrées importées en grande quantité. En 2023, le Cameroun a importé des céréales pour une valeur de 387,7 milliards de FCFA, dont 200,8 milliards pour le riz et 178,3 milliards pour le blé, selon l’Institut national de la statistique.

Gabriel Mbairobe, ministre de l’Agriculture, met en avant un changement de paradigme. « 90% de notre production proviennent des exploitations familiales. Mais face à une demande croissante, il est impératif de promouvoir l’émergence de moyennes et grandes exploitations agricoles avec des rendements élevés. » Pour y parvenir, le gouvernement mise sur la constitution de réserves foncières et l’attraction des investisseurs privés.

Ces nouvelles exploitations devront répondre non seulement à la demande alimentaire humaine, mais aussi aux besoins des industries agroalimentaires, de l’élevage et de l’aquaculture.

Si l’ambition est saluée, la sécurisation foncière reste un défi complexe. Les conflits entre agro-industriels et populations locales, souvent soutenues par des ONG environnementales, freinent l’essor de grands projets. En 2021, par exemple, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a annulé la constitution de réserves foncières sur 66 000 hectares dans la région du Sud après des contestations locales.

Pour éviter de telles situations, le gouvernement doit engager un dialogue inclusif avec les communautés concernées. La réussite du projet dépendra de l’équilibre entre attractivité pour les investisseurs et respect des droits fonciers des populations locales.

Avec ce projet de 400 000 hectares, le Cameroun se positionne pour réduire sa dépendance aux importations alimentaires. Cependant, la mise en œuvre exigera des efforts conjugués pour garantir la durabilité du projet et son acceptation sociale. Si les défis sont surmontés, le pays pourrait amorcer un tournant décisif vers l’autosuffisance alimentaire et le développement de son agriculture.

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