Après le succès de son premier placement sur le marché des titres publics, lequel lui a permis de capter 3000 titres de créance. La Caisse de dépôts et consignations du Cameroun s’invite elle aussi au dossier du rachat des parts du britannique Actis.
Face à une dette colossale de 44 milliards de FCFA qui divise l’Etat du Cameroun et Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun détenu à 51% des parts par le britannique Actis. La Caisse de dépôts et consignations du Cameroun veut se positionner en suggérant des solutions pratiques et efficientes.
Bien que peu d’informations circulent sur les détails de cette démarche, une source proche du dossier confie que l’idée défendue par la CDEC va d’un échelonnement du remboursement à l’entrée dans le capital. Nul besoin de préciser que, l’arrêté signé le 25 novembre 2024 par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, offre désormais un vaste champ d’action à l’institution. Outre le droit d’intervenir sur les marchés de capitaux, qu’il s’agisse du marché monétaire ou du marché financier. La Cdec peut également prendre des participations dans le capital des entreprises publiques et privées.
Cet intérêt manifesté par la Caisse de dépôts et consignations du Cameroun devrait logiquement rebattre les cartes du processus de rachat d’Eneo, ce alors que le dossier est en arbitrage à la présidence de la République depuis belle lurette. Alors que l’entrée en jeu de la CDEC devrait fortement influencer les prétentions financières de chacune des parties engagée dans cette opération. Précisons que l’Etat du Cameroun avait déjà engagé des tractations pour renationaliser Eneo.
Silence du comité interministériel présidé par le Minfi.
Sur Hautes Instructions du Président de la République, Paul Biya, un comité interministériel a vu le jour, bien qu’à date rien ne filtre sur ses activités. Dans une correspondance du Secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh adressée au SG des services du Premier ministre (SGPM), Séraphin Magloire Fouda, le Chef de l’Etat camerounais, Paul Biya instruisait la mise sur pied d’un comité interministériel chargé de piloter le processus de rachat.
« Le Chef de l’État prescrit au comité d’accorder une attention particulière au traitement de ce dossier, qui devra, au fur et à mesure de son évolution, faire objet d’un compte rendu régulier adressé au Secrétaire Général de la Présidence de la République pour la Très haute Instruction de Monsieur le Président de la République », écrivait alors Ferdinand Ngoh Ngoh. Dans son organigramme, l’organe est présidé par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze assisté des ministres de l’Économie et de l’Énergie, et composé d’un représentant de la Présidence de la République, du Premier Ministère, de l’Agence de Régulation du secteur de l’électricité (ARSEL), et directeur général de la CNPS entres autres.
Eneo, un gâteau qui attise plusieurs convoitises
Depuis que l’État du Cameroun a affiché sa volonté de procéder au rachat des actifs d’Actis, plusieurs acteurs se sont invités à la course, bien que peu d’informations soient disponibles.
Dans un article publié le 24 mars 2023, Africa Business révélait que la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) du Cameroun, établissement public dirigé par Alain Noël Olivier Mekulu Mvondo Akame, avait transmis une expression d’intérêt le 13 novembre 2022 au fonds britannique Actis pour l’acquisition de ses parts (51%) dans Energy of Cameroon (Eneo). La Cnps étant en tête de file pour le rachat, l’on avait également appris que la Société nationale des hydrocarbures (SNH), une autre entreprise à capitaux publics était à l’époque des faits, l’autre membre du groupement candidat à la reprise d’Eneo. Dans le cadre du volet financier, Financia Capital, créé par Serge Yanic Nana, se disait aussi positionné pour sa part comme banque d’affaires chargée de la structuration du deal pour le compte du fonds d’investissement d’Actis. D’autant plus que ce cabinet avait déjà monté, en décembre 2021, l’opération ayant conduit à lever 118 milliards de FCFA sur le marché monétaire afin d’apurer partiellement de la dette de l’énergéticien et de payer ses fournisseurs.
Globalement, l’intérêt de la Caisse de dépôts et consignations du Cameroun vient ainsi rejoindre les intérêts manifestés par les acteurs cités plus haut, la finalisation de cette opération restant attendue, l’arbitrage de l’Etat reste quant à lui attendu de tous.