Après une performance spectaculaire en 2022, Energy of Cameroon (Eneo) a vu son bénéfice net chuter de 16,2% en 2023, s’établissant à 8,4 milliards de FCFA. Une contre-performance attribuée à l’explosion des charges d’exploitation et à des défis structurels dans le secteur énergétique camerounais.
En 2023, le bénéfice net d’Eneo est tombé à 8,4 milliards de FCFA, loin des 10 milliards enregistrés en 2022. Ce chiffre représente à peine 27,8% de l’objectif initialement fixé à 30,2 milliards de FCFA. L’entreprise, filiale du fonds d’investissement britannique Actis, attribue cette baisse à une augmentation des charges d’exploitation, qui ont dépassé de 26,2 milliards de FCFA le budget prévu, atteignant 131,7 milliards de FCFA (+25%). Cette performance décevante intervient après une reprise spectaculaire entre 2021 et 2022, lorsque l’entreprise était passée d’une perte de 35,52 milliards à un bénéfice net de 10,03 milliards de FCFA.
En 2023, Eneo a dépensé 198,238 milliards de FCFA pour l’achat d’énergie auprès des producteurs indépendants (IPP), un dépassement de 15,6 milliards par rapport au budget prévu. Les principaux dépassements concernent notamment les achats auprès de Memve’ele (+21,91 milliards), DPDC (+2,95 milliards), et Aggreko (+1,41 milliard). Le faible niveau d’eau des fleuves en 2023 a contraint Eneo à solliciter des solutions de secours, notamment 18 GWh supplémentaires auprès de Globeleq Africa. Cette situation a également exacerbé les coûts dans le Réseau Interconnecté Sud (RIS), déjà touché par des interruptions répétées des centrales de Dibamba et Kribi, dues à des arriérés de paiement.
Les charges opérationnelles, en hausse de 26,23 milliards, ont également pesé lourd sur les finances d’Eneo. Parmi les facteurs, on note une augmentation des créances douteuses (+7,6 milliards), des avances fournisseurs (+7,5 milliards), et des retards de paiement des impôts (+4,2 milliards). La situation de trésorerie de l’entreprise s’est aussi détériorée, avec un solde négatif de 1,58 milliard en 2023, contre un solde positif de 3,6 milliards en 2022. Cette baisse est due à un déséquilibre entre les encaissements liés à la vente d’énergie (413,77 milliards) et des dépenses opérationnelles atteignant 414,8 milliards.
La hausse des dettes fournisseurs (+107 milliards) et des créances clients (+102,9 milliards) accentue les contraintes de trésorerie, compromettant le plan d’actions 2024. Selon Eneo, « la persistance de ces tendances en début d’année 2024 pourrait non seulement compromettre la réalisation du plan opérationnel, mais aussi aggraver la situation financière de l’ensemble du secteur ». Ces défis soulignent l’urgence de réformes structurelles pour stabiliser un secteur électrique crucial pour l’économie camerounaise.