Dans son Rapport sur la dette internationale 2024, publié le 3 décembre dernier, la Banque mondiale met en lumière la hausse vertigineuse de la dette extérieure des pays en développement. Avec des taux d’intérêt atteignant des niveaux inédits, le service de la dette pèse lourdement sur les économies, limitant les dépenses dans des secteurs essentiels.
La Banque mondiale dresse un constat alarmant : la dette extérieure totale des pays en développement a atteint 8 500 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2020. Ce montant record s’accompagne d’une hausse des coûts de financement, les taux d’intérêt atteignant 4 % pour les créanciers officiels et 6 % pour les créanciers privés, leur niveau le plus élevé en 15 ans. Les conséquences sont sévères pour ces pays, contraints de consacrer 1 400 milliards de dollars au service de leur dette. Rien qu’en 2023, les paiements d’intérêts ont grimpé à 406 milliards de dollars, affectant directement les budgets nationaux. Des secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation ou encore l’environnement subissent des réductions de financement, accentuant les inégalités.
L’Afrique subsaharienne sous pression
En Afrique subsaharienne, la situation est particulièrement préoccupante. La dette extérieure de la région a atteint 864 milliards de dollars, et le service de cette dette représente désormais 16 % des recettes d’exportation et 4 % du revenu national brut. Cette pression financière freine les efforts de développement dans une région où les besoins sociaux et économiques restent criants.
La pandémie et la flambée des taux d’intérêt : des effets durables
La pandémie de Covid-19 a aggravé le fardeau de la dette, poussant de nombreux pays en développement à emprunter davantage. Cette situation, combinée à une flambée des taux d’intérêt mondiaux, rend leur redressement encore plus complexe. « L’argent sort des économies pauvres alors qu’il devrait y entrer », déplore Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale.
Un recours accru aux institutions multilatérales
Face à cette crise, les pays pauvres se tournent de plus en plus vers la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales pour des financements d’urgence. Toutefois, ces entités, conçues comme des facilitateurs de développement, sont devenues des prêteurs en dernier ressort. Cette évolution reflète un système de financement global en crise, incapable de répondre aux besoins croissants des pays en développement.
La Banque mondiale appelle à repenser ce système pour éviter une aggravation des déséquilibres mondiaux, alors que l’endettement continue de limiter les perspectives de croissance et de développement des nations les plus vulnérables.