Les communautés Mvae-Mabi accusent Camvert SA et ses partenaires forestiers de bafouer leurs droits, de ne pas respecter les cahiers de charges et de provoquer une dégradation écologique majeure. Une pétition récemment adressée aux autorités locales appelle à un dialogue urgent pour résoudre cette crise.
Le 20 novembre dernier, des représentants des communautés Mvae-Mabi du canton de Campo ont soumis une pétition au sous-préfet de l’arrondissement, dénonçant les pratiques de Camvert SA, ainsi que des entreprises Boiscam et Sofoni. Les signataires y expriment leur désarroi face à ce qu’ils qualifient de « mensonges et promesses non tenues ». Parmi leurs griefs figurent la violation des droits communautaires, l’absence de suivi des engagements prévus dans les cahiers de charges, et l’inexistence d’un Plan de Travail Annuel (PTA) pour 2024, à moins d’un mois de la nouvelle année. « Depuis l’arrivée de Camvert, nous sommes victimes de mépris et d’abandon. Nos droits ne sont pas respectés, et nos conditions de vie se détériorent », déplore un porte-parole de la communauté.
Un projet controversé dès ses débuts
Créée en 2019, Camvert SA avait promis d’apporter développement et opportunités aux communautés locales. Mais selon Sylvie Michele Ongbassomben, responsable campagne forêt chez Greenpeace Afrique, ces espoirs se sont transformés en désillusion. « Depuis le début des travaux, les cahiers de charges n’ont jamais été respectés. Les populations dénoncent un projet qui aggrave leur précarité », affirme-t-elle. En 2022, Camvert a obtenu une concession provisoire de 40 000 hectares dans des conditions jugées opaques. Ce projet, censé promouvoir le développement économique, a au contraire perturbé les écosystèmes et provoqué des conflits avec les populations autochtones. Les Mvae-Mabi, dont la survie dépend étroitement de la forêt, sont confrontés à des incursions accrues d’animaux sauvages, conséquence directe de la destruction des habitats naturels.
Un appel au dialogue et à la transparence
Face à l’absence de communication entre Camvert et les riverains, les communautés réclament la création d’un cadre de concertation trimestriel. Majesté Abel Mvondo Medjo, chef du village Doum Essamebenga, appelle à un dialogue transparent. « Sans cette initiative, les tensions perdureront. Il faut que les parties prenantes discutent régulièrement de l’état d’avancement des engagements », insiste-t-il. Les habitants demandent également le respect des lois nationales, notamment le décret n° 76-166 qui prévoit une redistribution équitable des revenus fonciers. À ce jour, Camvert ne s’est pas acquittée des redevances prévues, privant ainsi les collectivités locales de ressources essentielles.
Un cri d’alarme ignoré ?
Malgré les multiples pétitions et interpellations, les autorités semblent privilégier la protection des investissements de Camvert, au détriment des droits des populations. Sylvie Michele Ongbassomben interpelle le gouvernement : « Il est urgent de protéger les communautés, autant que les investissements étrangers. Cette situation n’a que trop duré. » Alors que 2024 approche sans plan concret pour résoudre la crise, les riverains craignent que leur patrimoine environnemental et culturel continue de se dégrader. Pour eux, l’avenir reste incertain tant que des solutions concrètes ne seront pas mises en œuvre.