Industrie laitière – Entre stagnation et dépendance aux importations

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Malgré une légère hausse de moins de 1 % de la production laitière nationale en 2024, le Cameroun reste loin de combler sa demande intérieure. Avec une production estimée à 131 300 tonnes au cours des neuf premiers mois de l’année, le pays continue de dépendre des importations pour satisfaire une consommation nationale en forte croissance. Un centre semencier, prévu pour 2025, pourrait toutefois changer la donne.

La production laitière au Cameroun reste en difficulté. Entre janvier et septembre 2024, le pays a produit 131 300 tonnes de lait, enregistrant une croissance annuelle de moins de 1 %, après une hausse similaire de 0,7 % entre 2022 et 2023. Avec 176 600 tonnes produites en 2023, le Cameroun reste loin des 313 688 tonnes atteintes en 2020, avant une chute spectaculaire. Cette stagnation contraste fortement avec une demande nationale qui explose. Selon les données officielles, les besoins en lait, estimés à 375 000 tonnes en 2015, ont atteint 492 000 tonnes en 2020 et pourraient franchir la barre des 650 000 tonnes en 2025. Cette progression est attribuée à une croissance démographique de 2,6 % par an.

Face à l’incapacité de répondre localement à la demande, le Cameroun importe massivement du lait. En 2023, 17 217,9 tonnes ont été importées pour un coût de 35 milliards de FCFA, en hausse par rapport aux 33,7 milliards dépensés l’année précédente. Ces importations proviennent majoritairement de pays comme la Nouvelle-Zélande, la France, la Malaisie, et les Pays-Bas.

Cette dépendance est aggravée par le rôle prépondérant des agroindustriels, tels que Camlait, Sodeva et Freshco, qui absorbent 70 % de la production locale et des importations pour la transformation. Pour réduire ce déficit, le gouvernement camerounais mise sur le Centre semencier de Wakwa, dans la région de l’Adamaoua. Prévu pour 2025, ce centre ambitionne de porter la production nationale à 1 million de tonnes de lait par an. Pour atteindre cet objectif, il prévoit de produire annuellement 500 doses de semences bovines, 300 embryons, et d’inséminer 276 000 vaches.

Ce projet s’inscrit dans un plan décennal (2024-2035) doté d’un budget de 305 milliards de FCFA. En 2025, 54,3 milliards de FCFA seront alloués à ce projet dans le cadre du programme budgétaire annuel du ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia). Malgré ces initiatives, la route vers l’autosuffisance semble encore longue. Le Cameroun devra non seulement investir massivement mais aussi relever des défis structurels tels que le faible accès à des infrastructures adaptées et la modernisation des pratiques d’élevage.

Avec le Centre semencier de Wakwa, le pays espère amorcer un tournant majeur et réduire progressivement sa facture d’importation, tout en renforçant la souveraineté alimentaire. Les prochains mois seront cruciaux pour transformer cette ambition en réalité tangible.

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