Notation financière – UBA Cameroon maintient sa note « B- » malgré des faiblesses structurelles

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L’agence Fitch Ratings reconduit la note « B- » de UBA Cameroon avec une perspective stable. Une évaluation qui souligne les performances financières positives de la banque, mais qui met également en lumière les risques liés à la concentration de ses actifs et à son exposition au secteur public.

Dans une annonce légale fin novembre 2024, Fitch Ratings a confirmé la notation « B- » de UBA Cameroon, filiale de la holding nigériane United Bank for Africa (UBA). Cette évaluation, assortie d’une perspective stable, reflète une faible probabilité de révision à court ou moyen terme. Selon Fitch, UBA Cameroon bénéficie d’un soutien notable de sa maison mère. La filiale camerounaise représente 7 % des actifs consolidés du groupe et 9 % de son revenu net en dehors du Nigeria au premier semestre 2024, en faisant la deuxième plus grande entité du groupe. Cependant, malgré cette solidité financière, la banque reste confrontée à des défis structurels qui freinent son expansion.

Une concentration des risques préoccupante

L’un des principaux points faibles soulignés par Fitch est la forte concentration des actifs de UBA Cameroon. À la fin du premier semestre 2024, 50 % de ses actifs étaient investis dans des instruments de dette publique émis par des États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), réputés pour leurs faibles notations.

Dans le même temps, 40 % des prêts bruts de la banque étaient orientés vers le secteur du pétrole et du gaz, jugé risqué. Par ailleurs, les 20 plus grandes expositions de la banque représentaient 73 % de ses prêts bruts, rendant la banque vulnérable à des événements imprévus. Cette situation est aggravée par la volatilité de la qualité des actifs, largement influencée par les risques souverains.

Un dynamisme freiné par des limites structurelles

Malgré sa position de leader parmi les filiales UBA hors Nigeria, Fitch estime que UBA Cameroon dispose d’une « franchise modérée » et d’un « pouvoir de tarification inférieur » par rapport à ses concurrents locaux. Cela limite son champ d’action, la contraignant à concentrer une grande partie de ses activités sur le financement public, perçu comme moins risqué mais aussi moins diversifié.

Cette stratégie, bien que rentable à court terme, expose la banque à une vulnérabilité accrue en cas de défaut souverain. Fitch avertit qu’un tel scénario pourrait contraindre UBA Cameroon à puiser dans ses marges de manœuvre, déjà restreintes, et ainsi risquer une dégradation de sa note.

Des recommandations pour réduire les risques

Les défis rencontrés par UBA Cameroon reflètent une problématique plus large au sein du secteur bancaire de la Cemac. Dans un rapport publié en novembre 2023, le Fonds monétaire international (FMI) a qualifié d’« excessive » l’exposition des banques de la région aux dettes souveraines.

Pour atténuer ce risque, le FMI recommande à la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) d’introduire des limites de concentration de manière progressive, tout en encourageant une gestion interne prudente des risques. Cette approche viserait à diversifier les portefeuilles des banques et à réduire leur dépendance aux titres publics perçus jusqu’ici comme à risque zéro.

Une issue conditionnée à des réformes

En conclusion, si UBA Cameroon reste stable pour l’instant, sa notation dépendra largement de sa capacité à diversifier ses expositions et à réduire sa concentration sur des actifs à haut risque. Une amélioration des notations souveraines des États de la Cemac et des réformes internes pourraient inverser cette dynamique. Cependant, dans l’état actuel des choses, Fitch souligne que des vulnérabilités structurelles continuent de peser sur la stabilité à long terme de la banque.

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