Malgré une progression notable de la production nationale d’huile de palme, atteignant 446 984 tonnes en 2024, le Cameroun reste confronté à un déficit conséquent pour répondre à une demande nationale de 1,17 million de tonnes. Le gouvernement multiplie les initiatives pour inverser la tendance et réduire la dépendance aux importations.
En 2024, la production d’huile de palme au Cameroun a franchi la barre des 446 984 tonnes, enregistrant une hausse de 11,7 % par rapport à 2023 où elle s’élevait à 400 000 tonnes, selon les données dévoilées par le Premier ministre Joseph Dion Ngute lors de la présentation du programme économique pour 2025. Cette performance, bien qu’encourageante, reste largement insuffisante pour combler la demande nationale estimée à 1,17 million de tonnes, laissant un déficit de 723 016 tonnes. Le Cameroun a donc recours aux importations pour pallier ce manque. En 2023, le pays a importé 144 068,2 tonnes d’huile de palme, un volume en augmentation de 30,8 % par rapport à 2022, selon l’Institut national de la statistique (INS). Ces importations représentent une charge importante pour les finances publiques, mais elles demeurent nécessaires pour répondre aux besoins croissants.
Paradoxalement, le Cameroun parvient à exporter une partie de sa production d’huile de palme. En 2023, les exportations se sont élevées à 1 687,5 tonnes, générant des recettes de 2,2 milliards de FCFA, en hausse de 156,7 % par rapport à 2022. Bien que modestes comparées à la demande intérieure, ces chiffres traduisent un potentiel économique qui pourrait être davantage exploité à l’avenir.
Face à ce déficit structurel, le gouvernement camerounais multiplie les initiatives pour atteindre l’autosuffisance en huile de palme. En décembre 2023, l’Interpalm-Cam, organisation interprofessionnelle de la filière, a été créée. Fruit d’une collaboration entre l’Union des Exploitants de Palmier à Huile du Cameroun (Unexpalm), le Syndicat national des producteurs d’huile de palme (Pop’s) et l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc), cette structure ambitionne de dynamiser la filière en renforçant la coordination entre les acteurs. En parallèle, un plan de relance doté d’une enveloppe de 21,7 milliards de FCFA a été mis en place pour la période 2024-2026. Celui-ci prévoit notamment des subventions en équipements pour trois grandes agro-industries (CDC, Socapalm et Pamol), afin de moderniser leurs infrastructures et améliorer leurs rendements.
L’huile de palme occupe une place stratégique dans l’économie camerounaise. La filière, organisée autour de quatre acteurs principaux (producteurs de noix, transformateurs primaires, raffineries et fournisseurs de services), constitue à la fois une source de revenus pour des milliers de familles et un levier pour les recettes publiques. Cependant, des défis persistent, notamment l’insuffisance des infrastructures de transformation, les contraintes climatiques et les enjeux environnementaux liés à l’extension des plantations. Pour surmonter ces obstacles, une vision concertée et des investissements continus seront indispensables.
En somme, bien que la production d’huile de palme connaisse une dynamique encourageante, le chemin vers l’autosuffisance demeure semé d’embûches. Les efforts actuels, s’ils sont maintenus, pourraient permettre au Cameroun de réduire significativement sa dépendance aux importations tout en valorisant davantage ses ressources locales.