Comme en 2024 où le budget général de l’État observait une hausse de 533 milliards de FCFA (+8%), passant de 6 679,5 milliards de FCFA à 7 212,5 milliards de FCFA après la signature, le 20 juin 2024 d’une ordonnance par le Chef de l’Etat, Paul Biya. La loi de finances 2025 présentée par le Gouvernement accorde plus de place au fonctionnement des administrations publiques qu’à l’investissement. À la lecture des besoins financiers exprimés par les différents membres du gouvernement, il n’y a pas de place à la rationalisation de la dépense publique. En effet, sur les 7250,8 milliards de Fcfa de budget projeté, 5387,7 milliards de Fcfa sont consacré au fonctionnement de l’administration, le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire se taillant la part belle avec un budget projeté à 152, 1 milliards de Fcfa.
Dans une correspondance adressée le 4 janvier 2024 au secrétaire général des services du Premier ministre, le secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), répercutant les « très hautes instructions » du chef de l’État, prescrivait au gouvernement la « rationalisation des dépenses publiques de fonctionnement ». Ceci, à l’effet de réduire le train de vie de l’État généralement jugé très coûteux.
« Faisant suite au message du chef de l’État à la nation le 31 décembre 2023, et dans le prolongement de ses directives antérieures relatives à l’objet repris en marge, j’ai l’honneur de vous réitérer ses très hautes instructions prescrivant aux chefs de départements ministériels et aux gestionnaires de crédit de toutes les autres entités publiques, de limiter substantiellement la création des comités/groupes de travail et les dépenses y afférentes, les missions à l’étranger ainsi que les achats de véhicules de fonction et les dépenses de carburant », écrivait Ferdinand Ngoh Ngoh à Séraphin Magloire Fouda.
Comme en 2025, les responsables des administrations publiques semblent faire la sourde oreille, poursuivant la saignée au mépris des prescriptions énoncées plus haut. Une tendance qui remet en cause l’exécution du budget d’investissement public dont le coût est projeté à 1863,1 milliards de Fcfa.
PIB 2024 en demi-teinte, possible bis repetita en 2025.
Selon les prévisions du Gouvernement contenues dans le projet de loi de finances 2025 de l’État du Cameroun, l’enveloppe dédiée à l’investissement public affiche une hausse de 259 milliards de FCFA en valeur absolue, soit 16,1% en valeur relative, par rapport aux 1604,1 milliards de FCFA de l’année 2024. Malgré cette tendance haussière, sur le terrain, l’exécution du budget d’investissement public peine à convaincre. D’après les données compilées par le ministère de l’Economie, l’exécution du PIB n’a pas atteint 70 % jusqu’au 30 septembre 2024. Dans le détail, 5 régions sur les 10 que compte le pays, ont franchi un taux d’exécution de 50%, voire plus. Il s’agit notamment des régions du Nord-Ouest (61,70%), du Sud-Ouest (60,42%) ; les régions de l’Ouest, de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua affichent respectivement 63,35%, 50,28% et 66,72 % de taux de réalisation.
Alors que les régions du Centre (43,43%), Littoral (40,85%), Sud (45,31%), Nord (39,43%) et l’Est (43,44 %) affichent des taux d’exécution en deçà de 50 % au 30 septembre 2024. Au cours de la première session de l’année 2024 du Comité national de suivi de l’exécution physico-financière du Budget d’investissement public (BIP), présidée le 11 novembre 2024 à Yaoundé, par la présidente de cette instance, Rosette Ayayi. Plusieurs entraves avaient été mises en avant pour justifier le faible taux du PIB 2024, tant au niveau national que des régions. Des dires de Rosette Ayayi, il s’agit notamment de l’insécurité dans certaines régions du pays, la non-maturation des projets à exécuter, les retards dans le paiement des décomptes des entreprises exécutant les travaux. À ces problèmes récurrents auxquels l’État du Cameroun peine à apporter des solutions, Mme Ayayi avait ajouté les impacts du changement climatique, illustrés par de fortes pluies ayant retardé l’avancement de certains travaux.
En dépit du fait que le « Le BIP (budget d’investissement public) représente ainsi 33.5 % des dépenses budgétaires totales en 2025 », assure le projet de loi de finances 2025 déposé à l’Assemblée nationale le 1ᵉʳ décembre 2024, son rehaussement progressif ne comble pas encore les objectifs projetés. Pour rappel, la part du BIP dans le budget du Cameroun s’est établi respectivement à 26,6%, 24,2% et 23,6% en 2020, 2021 et 2022. Après 30,7%, 36% et 36,3%, respectivement en 2015, 2016 et 2017, selon les données du Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2023-2025, élaboré par le ministère des Finances. Le PIB poursuit une courbe décroissante au niveau de son exécution.