Dans le projet de loi de finances 2025, le gouvernement camerounais prévoit une augmentation significative des subventions aux entreprises privées (+68,8%), tandis que celles destinées aux sociétés d’État enregistrent une baisse drastique (-153%). Cette réorientation budgétaire s’inscrit dans une volonté de rationalisation économique, en réponse aux pressions du FMI et à la faible rentabilité des entreprises publiques.
Le gouvernement camerounais a soumis au Parlement son projet de loi de finances pour 2025, marquant une évolution significative dans la gestion des subventions publiques. Une enveloppe globale de 14 milliards de FCFA est prévue, en hausse d’un milliard de FCFA par rapport à 2024. Parmi ces fonds, les entreprises privées devraient recevoir 7,6 milliards de FCFA, soit une augmentation de 68,8% par rapport aux 4,5 milliards alloués en 2024.
Ce choix témoigne d’un effort pour stimuler le secteur privé, perçu comme un moteur de croissance et de création d’emplois. L’État cherche ainsi à accompagner ces entreprises dans un contexte économique où l’initiative privée est encouragée pour dynamiser l’économie nationale.
À l’opposé, les subventions aux sociétés d’État connaissent une diminution historique. L’enveloppe destinée à ces entités passe de 3,8 milliards de FCFA en 2024 à seulement 1,5 milliard en 2025, une chute de 153%. Ce changement drastique répond aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI), qui critique les contre-performances des entreprises publiques camerounaises. Selon le FMI, ces entreprises, souvent qualifiées de « gouffres financiers », ne produisent pas les résultats escomptés malgré les aides régulières de l’État. Pour corriger ces dysfonctionnements, le gouvernement s’engage dans la mise en place de contrats de performance. Ces accords précisent des objectifs clairs en termes de production, de qualité de service et de coûts unitaires.
Les subventions allouées aux autres entités publiques ou parapubliques progressent légèrement, passant de 4,5 milliards de FCFA en 2024 à 4,9 milliards en 2025. Bien que modeste, cette augmentation reflète une volonté de maintenir un soutien aux institutions essentielles pour le fonctionnement de l’État.
Cette réorientation budgétaire illustre une stratégie plus large du Cameroun pour rationaliser les dépenses publiques et maximiser l’efficacité des fonds alloués. En privilégiant le secteur privé et en imposant des exigences accrues aux entreprises publiques, le gouvernement cherche à répondre aux impératifs de rentabilité et à réduire le poids des subventions inefficaces sur les finances publiques. Reste à savoir si ces mesures seront suffisantes pour inverser la tendance et redynamiser l’économie camerounaise, tout en répondant aux attentes des partenaires internationaux.