La deuxième édition de la Finance Week, tenue le 27 novembre 2024, a réuni des experts pour examiner les défis liés à la mobilisation des ressources financières en zone Cemac. Face à un contexte économique défavorable, un système financier peu adapté et des incertitudes sociopolitiques, les discussions ont mis en lumière les solutions nécessaires pour renforcer les capacités financières des États.
Lors du premier panel de la Finance Week 2024, les discussions ont débuté par une analyse des entraves à la mobilisation des ressources financières. Charles Rollin Ombang Ekath, Administrateur Directeur Général de La Régionale Bank, a évoqué l’impact du contexte macroéconomique. Avec un taux d’inflation projeté à 7 % au Cameroun en 2024, les épargnants se heurtent à des taux d’intérêt réels négatifs. « Lorsque les taux d’intérêt des comptes d’épargne oscillent entre 3 et 4 %, l’épargne perd de sa valeur face à l’inflation », a-t-il souligné.
Le faible revenu des populations, combiné à un environnement fiscal peu attractif et des opportunités limitées d’investissement formel, pousse les acteurs économiques vers des actifs non financiers comme l’épargne foncière ou céréalière. Ce phénomène reflète une crise de confiance envers les instruments financiers traditionnels, exacerbée par des incertitudes sociopolitiques et économiques.
Une explosion de la dette publique
Samuel Tela, Directeur de la Trésorerie au ministère des Finances (Minfi), a mis en lumière un autre défi majeur : la croissance rapide de la dette publique. Entre 2020 et 2024, l’encours des titres publics est passé de 2 000 à 7 000 milliards de Fcfa, exerçant une pression croissante sur les finances des États. Auparavant, les émissions de bons du Trésor bénéficiaient d’une couverture excédant largement les besoins, avec des taux de souscription atteignant 200 %. Aujourd’hui, la situation est plus complexe, les États devant parfois accepter des offres moins avantageuses pour couvrir leurs besoins financiers.
Des asymétries d’information et des chocs externes
Jean Jacques Moukoko Elame, Managing Director de Capital Finance chez Société Générale, a souligné l’importance de la transparence et de la communication. « Les investisseurs hésitent à placer leur argent en l’absence d’informations claires sur l’utilisation et le rendement attendu de leurs investissements », a-t-il déclaré. Willy Delor Heubo, Directeur Général de Financia Capital, a ajouté que les crises sécuritaires, la pandémie de Covid-19, et les tensions aux frontières ont renforcé les obstacles à la mobilisation des ressources.
Quelles solutions pour un avenir financier plus robuste ?
Face à ces défis, les experts ont formulé plusieurs recommandations. L’instauration d’un système de crédit plus libéral et la diversification des sources de financement figurent parmi les priorités. Par ailleurs, ils ont insisté sur l’importance d’améliorer la gouvernance, de promouvoir l’épargne formelle et de rationaliser les dépenses publiques. Ces mesures visent à renforcer la confiance des investisseurs, stimuler l’économie et garantir un développement durable en zone Cemac. La Finance Week 2024 a ainsi posé les bases d’une réflexion essentielle pour faire face aux défis économiques de la sous-région.