Face aux récentes accusations liant des navires battant pavillon camerounais à des activités illicites, le Cameroun met en place, dès le 2 décembre prochain, un système numérique d’immatriculation des navires. Cette réforme vise à restaurer la crédibilité de son pavillon et à renforcer le contrôle sur sa flotte maritime, dans un contexte de pressions internationales croissantes.
Le Cameroun fait face à une crise sans précédent dans son secteur maritime. Accusé de négligence dans la gestion de sa flotte, le pays a vu certains de ses navires interdits d’accès aux ports des Émirats arabes unis en février dernier, et un navire transportant des céréales confisquées en Ukraine en octobre après sa saisie en juillet. Ces événements ont mis en lumière les lacunes de son système d’immatriculation, favorisant l’utilisation frauduleuse du pavillon camerounais par des réseaux illégaux opérant dans une « flotte fantôme ». Pour inverser la tendance, le gouvernement camerounais a annoncé la mise en place d’un nouveau système numérique d’immatriculation. À partir du 2 décembre, les armateurs devront soumettre 17 documents via une plateforme en ligne, permettant un contrôle renforcé des navires enregistrés sous le pavillon camerounais.
Un défi pour la transparence et la traçabilité
Le système précédent, exclusivement physique, reposait sur le Code de la Marine Marchande adopté après l’indépendance. Malgré des mises à jour régulières, il présentait des failles en matière de transparence et de traçabilité. Ce vide juridique a permis à des acteurs malveillants de contourner les contrôles et d’impliquer le Cameroun dans des scandales internationaux. Selon le ministre des Transports, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, ce passage au numérique marque une avancée majeure. « Le Cameroun doit impérativement restaurer la crédibilité de son pavillon et préserver son image sur la scène internationale », a-t-il déclaré.
Des impacts économiques et diplomatiques
Outre la préservation de l’image du pays, cette réforme pourrait générer des recettes supplémentaires grâce à une taxation plus efficace et un processus transparent. Aujourd’hui, plus de 200 navires naviguent sous le pavillon camerounais, et le gouvernement espère réduire les risques de fraudes tout en attirant des investisseurs sérieux dans le secteur maritime. Cependant, le Cameroun n’est pas encore membre du Système Mondial Intégré d’Information sur le Transport Maritime (GISIS), un outil crucial pour surveiller les navires dans les zones à haut risque. L’intégration à ce système global pourrait être une étape suivante pour s’aligner sur les standards internationaux.
Un signal fort envoyé à la communauté internationale
La mise en œuvre de ce système intervient dans un contexte marqué par des enjeux géopolitiques complexes. L’implication présumée de navires camerounais dans la « flotte de l’ombre », soupçonnée de contourner des sanctions internationales, a accentué les pressions sur Yaoundé. En renforçant le contrôle sur sa flotte, le Cameroun espère non seulement répondre aux critiques, mais également renforcer sa souveraineté maritime. Cette initiative pourrait également servir de modèle pour d’autres pays africains confrontés à des défis similaires.
En conclusion, cette réforme symbolise la volonté du Cameroun de se repositionner sur l’échiquier maritime international, en conciliant rigueur administrative, transparence et attractivité économique. Le 2 décembre prochain marquera ainsi une étape décisive dans la gestion de la flotte camerounaise, sous le regard attentif de la communauté internationale.