Au troisième trimestre 2024, les exportations de bois brut du Cameroun ont chuté de 23%, attribuée à une hausse significative des taxes à l’exportation. Malgré cette crise, les prévisions de production demeurent optimistes.
Le Cameroun a enregistré une baisse notable de ses exportations de bois brut, avec 105 140 tonnes exportées pour un montant de 7,5 milliards de Fcfa au cours du troisième trimestre 2024. Comparé aux 9,8 milliards de Fcfa générés à la même période en 2023, cela représente une diminution de 2,2 milliards de Fcfa, soit une perte de 23%. Les exportateurs attribuent cette chute à une augmentation des droits d’exportation, passés de 60% à 75% dans la loi de finances 2024.
Cette hausse des taxes à l’exportation n’est pas un phénomène isolé. En 2017, les droits de sortie étaient à 17,5%, affichant une augmentation de près de 60% en six ans. Les autorités camerounaises justifient cette décision par la nécessité de promouvoir la transformation locale du bois, mais cette mesure semble avoir des effets néfastes sur les revenus d’exportation, pointés du doigt par les acteurs du secteur.
La situation est tout aussi préoccupante pour les exportations de bois sciés, dont les revenus ont diminué de 10% pour atteindre 23,6 milliards de Fcfa. Les volumes exportés ont également chuté de 12%, avec 186 141 tonnes écoulées. Les droits de sortie pour ces produits ont augmenté de 10 à 15% en 2024, contribuant à un total de 165% d’augmentation entre 2016 et 2023, un poids supplémentaire sur les acteurs de la filière.
Malgré un contexte fiscal difficile, les prévisions pour la production de bois au Cameroun restent optimistes. La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) anticipe une production de 5,6 millions de m³ d’ici la fin de l’année 2024, représentant 47% de la production des six pays de la Cemac, en hausse par rapport à 38% en 2023. Cette performance est révélatrice de l’engouement des opérateurs, bien qu’ils doivent faire face à une hausse des coûts de production de 3,4% observée au deuxième trimestre 2024.
La situation du secteur forestier au Cameroun souligne un paradoxe : tandis que les taxes à l’exportation visent à encourager la transformation locale, elles semblent également freiner les revenus d’exportation. L’avenir de la filière bois dépendra donc d’un équilibre délicat entre la fiscalité, la production et les opportunités de transformation.